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Profil perdu - Hugues Pagan (Rivages)

 
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Ven Mar 24, 2017 12:05 pm    Sujet du message: Profil perdu - Hugues Pagan (Rivages) Répondre en citant

Vingt ans après Dernière station pour l'autoroute (Prix Mystère de la Critique), Hugues Pagan marque son grand retour au roman noir avec Profil perdu, qui vient juste de paraître chez Rivages.






Le livre :

Une ville de l'Est de la France.
Un commissariat que tous les flics surnomment « l'Usine ».
En cette soirée de réveillon de l'année 1979, un inspecteur du Groupe stupéfiants interroge Bugsy, dealer connu des services, à propos d'une photo représentant une jeune femme.
Le dealer ne dira rien, sinon qu'il faut « demander à Schneider » et le flic le laissera partir, omettant de le fouiller au corps, une erreur de débutant.
Schneider est le chef du Groupe criminel.
Flanqué de son adjoint Charles Catala, il sillonne la ville en voiture tel un fantôme.
Deux évènements vont faire basculer son existence : une enquête trouble et complexe sur l'attaque à main armée dont a été victime l'un de ses collègues et une rencontre en forme de coup de foudre ; après Cheroquee la vie ne sera plus jamais la même pour Schneider.

On retrouve Schneider, le flic désabusé et sans prénom de La Mort dans une voiture solitaire et de Boulevard des allongés.
Fanatique de Virginia Woolf et écorché vif, hanté par la mort d'une femme, l'inspecteur principal Schneider, chef du Groupe criminel hante la ville tel un fantôme à bord de sa Lincoln Continental. Il entretient des relations compliquées avec un « Monsieur Tom », ex-avocat d'Assises et homme d'affaires pas toujours recommandable. Il doit aussi enquêter sur la tentative de meurtre qui a laissé son collègue Meunier des Stups entre la vie et la mort.


Voici le grand retour d'Hugues Pagan après presque 20 ans d'absence de la scène littéraire (il a occupé activement la scène audio-visuelle pendant ce temps). Ses livres sont d'impressionnantes radiographies de la vie des flics, telles qu'on n'en a jamais lues avant lui, mais aussi des œuvres bouleversantes d'humanité. Alternant crudité et lyrisme, élégance classique et gouaille de la rue, son écriture virtuose et sa musique bluesy s'insinuent dans les tripes du lecteur et nous parlent de l'essentiel : le tragique de la condition humaine.




L'auteur :

Hugues Pagan est né à Orléansville en Algérie.
Après des études de philosophie, il entre dans la police où il restera 25 ans.
Son métier lui a fourni le matériau pour ses roman noirs, caractérisés par un mélange d'ironie ravageuse et de révolte désespérée.
Pagan est également scénariste, comme entre autres pour les séries Police District et Mafiosa.
Il a reçu le Prix Mystère de la Critique pour Dernière station avant l'autoroute et a été fait Chevalier des Arts et des Lettres.
Il est considéré comme l'un des grands stylistes du polar français.










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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Ven Mar 24, 2017 10:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> Le coup de coeur de Benoît Minville :

Citation:

Pagan est de retour et c'est très très bon


Après 20 ans, le retour d'un des grands stylistes du polar français.
Pagan, c'est la promesse de lire du vrai polar vintage de flic sans concession, habité par des personnages incarnés et marqués par la vie.
Pagan, c'est la conception d'un roman policier comme je l'aime, noir mais aussi tendre, même dans le désespoir.



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MessagePosté le: Lun Mar 27, 2017 7:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Christophe Laurent sur The Killer Inside Me :

Citation:

Profil perdu : le polar vintage à la sauce Hugues Pagan



Le polar français s'est longtemps cristallisé dans les années 70, riches en bandes de braqueurs, en coups fourrés politiques, en bagarres d'espions.
Il y avait comme une sorte d'âge d'or, lié aussi à un secteur de l'édition plutôt foisonnant, voire bien portant.
Mais comme dans tout, il y a eu overdose, caricatures, facilités.
Hugues Pagan est un artisan du genre, catégorie Meilleur ouvrier de France.
Son Profil perdu redonne en quelque sorte une version originale et presque inoxydable du polar : le flic, le méchant à capturer, les ripoux et la femme.
Un quadrilatère assez magique si l'auteur respecte le lecteur.
C'est le cas ici.
Hugues Pagan crée des archétypes certes, il en est bien conscient, mais il travaille son réalisme comme pas un.
Forcément, la police, il la connaît bien.


Son personnage principal, Schneider a ainsi beaucoup de lui : patron de la criminelle, dans un Nord indéfini, il est aussi un ancien para d'Algérie, pays de naissance de Pagan.
Le portrait de Schneider est d'une grande précision tout en laissant le lecteur libre d'interpréter cette espèce de fatalisme du type qui a vu la mort, qui l'a senti aussi dans son corps.
Suicidaire ? Révolté ? Blasé ?
Ce héros est creusé, détaillé mais jamais complètement mis en lumière.
C'est un archétype oui, mais rudement tourné, d'un classicisme viril et flamboyant.
Et l'auteur met la même énergie littéraire à offrir un coupable classique, dans les apparences.
On peut voir venir l'embrouille il est vrai, il y a une rapidité dans l'enquête qui laisse présager le rebondissement mais celui-ci est assez efficace pour ne pas être écarté.
Il en est de même pour les sales flics des stups, des brutes primaires au possible, crédibles dans la caricature et ce n'est pas l'actualité, hélas, qui pourra flétrir cette réalité.
Il y a enfin, la fille, Cheroquee qui, pour pousser le bouchon encore un peu, est infirmière à l'hôpital !
Pagan joue de ces lieux communs pour dire à quel point ils sont la base forte du genre et qu'il ne faut pas les dévoyer, les maltraiter.
Est-ce un aveu de nostalgie, comme pourrait le laisser penser le clin d'oeil à Manchette ?
Il n'y a que Pagan pour répondre.


Le fil de l'histoire est simple : 1979, Meunier, flic des stups se fait liquider un soir de Saint Sylvestre, dans une station service, par un motard.
Le pompiste a tout vu et balance à la crim' chargée de l'enquête.
La piste est remontée.
Le coupable est interpellé.
En garde à vue, les collègues de Meunier, le passent à tabac.
Schneider intervient dans les bureaux, dénoncent ses collègues au parquet.
Boeuf carottes et tutti quanti.
Schneider a trois casseroles sur le feu : les stups qui veulent maintenant sa peau, un coupable qui n'en est peut être pas un et une femme dans son lit.


L'ambiance troquet, la sortie de l'épisode algérien (avec quelques lignes trop méconnues de la "pacification" de 1830-1850, les fameux "bienfaits" de la colonisation), les décors hivernaux, tout cela créé une toile de fond riche, intense, qui n'est pas sans rappeler quelques images des films de Melville.
Et puis il y a la langue !
« Le nombre de craques qu'on a pu me raconter. Le nombre de conneries que les clients ont pu me confier. Une pute, c'est pas juste écarter les compas. Il y a autre chose. Je faisais des couchers, jamais des passes à la va-vite. Vous pouvez pas imaginer le nombre de types qui parlent aux putes. Même des trucs gênants pour leur bonne femme ou pour eux ou même pour leurs affaires. Ils s'en branlent : dire des trucs devant une pute, dans leur esprit, c'était juste comme s'ils causaient à la glace de l'armoire en se rhabillant. »

La qualité vintage en 2017.



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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Mar Avr 04, 2017 11:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> Rencontre avec l'auteur et chronique du roman par Hubert Prolongeau sur Télérama :

Citation:

Hugues Pagan, le retour du flic au stylo


Avec “Profil perdu”, Hugues Pagan revient au roman après vingt ans de silence. Pour beaucoup d’amateurs, cet ancien flic, l’un des premiers policiers à être passés à l’écriture, est aussi un des plus grands écrivains français du polar.




Vingt ans après.…
Vingt ans après Dernière station avant l’autoroute, Hugues Pagan, à 70 ans (il les aura le 17 avril), revient au roman.
Ses admirateurs n’osaient plus y croire.
Ils ne seront pas déçus.
Profil perdu est un Pagan pur jus : cruel, douloureux, désespéré, même si cette fois l’amour ouvre une petite fenêtre lumineuse dans la noirceur totale où s’ébroue le commissaire Schneider, déjà rencontré dans La Mort dans une voiture solitaire (1982) et Vaines recherches (1984).
Policier pendant vingt-cinq ans, Hugues Pagan fit, le premier, du livre de flic, avant tout un vrai livre.
« L’envie d’écrire venait de loin. Comme prof, j’avais déjà pondu trois romans merdiques, qu’on m’avait refusés », se souvient-il…


L’enfance est algérienne, dans les années cinquante.
Le père, officier de réserve, est aussi postier, tandis que la mère dirige une école.
Bon élève, le futur fonctionnaire aligne trois licences (socio, psycho, philo) et une maîtrise.
A vingt ans, il est professeur de philosophie.
Pour payer ses études, il a fait de la photo (« en fait, je tirais les photos de cul des habitants de Nancy… ») et s’est assis aux tables de poker.
La police ?
Il y entre « pour ce que disait Camus dans Les Justes : être au centre des choses ».
C’est en 1972, il a 25 ans.
Il y croit, rêve de rendre une justice chevaleresque et refusera toujours, assure-t-il, de profiter des petits avantages du métier : restaurants gratuits, petites lignes de coke tirées sur les prises de guerre, etc.


“La police est un observatoire social formidable.”


Aujourd’hui, il vit en Charente-Maritime, rêve de bateau, et fait « tout seul » des scénarios pour la télé.
« Je n’ai jamais été flic, j’ai toujours été écrivain. Mais j’ai fait une excursion dans la police qui m’a permis d’approcher la vie. C’est un observatoire social formidable ».
Inspecteur divisionnaire, il fera quatre ans à la « criminelle » de Dijon, puis ira aux Renseignements généraux à Belfort et à la 4e division de police judiciaire de la rue de Charenton, où il est en charge de la nuit.
Un intermède plus irréaliste (prof à l’école des inspecteurs de Cannes-Ecluse…) l’amène à écrire, en 1982, son premier roman au titre déjà poétique, La Mort dans une voiture solitaire.
Le flic y révèle peu d’esprit de corps, l’écrivain un talent énorme pour capter le poisseux des existences ratées et la lente désespérance des gardiens de ce monde – quelque chose entre Simenon et Joseph Wambaugh.


« L’idée qu’un flic fait un bon auteur de polar vient de ce qu’il est sensé savoir de quoi il parle. C’est sans doute vrai, mais à quoi ça sert si on ne sait pas le transcrire ? »
Ce va-et-vient entre la plume et la loi va durer quelques années, jusqu’au 27 Juin 1988.
Envoyé sur la collision de deux trains en gare de Lyon, il se collette aux cinquante-six corps qu’il faut chercher, reconstituer, trier…
Et pète les plombs.
Tentative de suicide, très long congé maladie, mise au placard à son retour au commissariat de la Roquette, et des souvenirs qui le gangrènent toujours, comme celui de cette enfant « blanche, froide et nue » qu’il doit « ranger » dans une bâche noire…
« Ça a été une fracture mentale, et ça a explosé mon écriture. »
En avril 1991, il claque définitivement la porte de celle qu’il ne cessera plus d’appeler « l’usine ».


Des flics paumés et un monde qui va mal


Son œuvre, très noire, humaine, bouleversante, porte la trace de ces années, bien au-delà du genre.
Elle plonge à même ses cauchemars, met en scène un univers incroyablement authentique de flics paumés, désabusés, pourris, confrontés à un monde qui va mal et sur lequel ils n’arrivent même plus à poser de pansements.
L’écrivain qui naît est salué.
Mais il se détourne au bout de quelques années du roman (il en a publié dix au total, avant le présent Profil perdu) pour s’atteler à l’activité plus rentable de scénariste : Police district, Nicolas le Floch.
Son portefeuille y gagne en épaisseur, ses lecteurs y perdent.
Le voilà de retour – et c’est bien.



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MessagePosté le: Mer Avr 19, 2017 9:20 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Jean-Marc Laherrère sur Actu du Noir :

Citation:

Le retour de Pagan



Après Jean-Hugues Oppel, voici un autre revenant, chez Rivages cette fois : Hugues Pagan sort Profil Perdu.


31 décembre 1979, quelque part dans le nord-est de la France.
Il fait froid, il neige, les flics de l’Usine se préparent à une dure soirée.
Meunier, flic trop honnête pour être bien vu par le groupe des stupéfiants bien ripoux, interroge un dealer connu.
Il n’en tire rien, sinon que celui qui sait ce que veut Meunier c’est Schneider, le chef du groupe criminel.

Schneider est inclassable : Ancien d’Algérie, très respecté (à défaut d’être aimé) par ses hommes, craint par tous, flics et voyous, froid et distant, se foutant complètement de sa carrière et de sa hiérarchie.
Cette nuit-là Schneider va, un peu contre son gré, à une fête organisée par un notable de la ville, un ami, ancien d’Algérie lui aussi, avec lequel il a des rapports chaotiques.

Cette nuit-là il rencontre Cheroquee, jeune femme qui va le bouleverser.
Cette nuit-là va changer les vies de presque tous les flics de la ville.
Mais ils ne le savent pas encore.


Un peu comme dans le dernier Hervé Le Corre, mais dans un tout autre style, on a là un très beau travail d’amoureux du roman noir.
Parce qu’ici aussi on a l’utilisation de tous les clichés et passages obligés, et leur transformation en or par la grâce de l’écriture.


Flics ripoux, femme fatale, flic solitaire blessé et intraitable.
Immédiatement j’ai « vu » la silhouette de Delon jeune dans un film de Melville.
Accumulation donc d’images déjà vues et de personnages classiques.
On pourrait s’ennuyer ferme, au contraire on se passionne pour cette histoire à la fois intemporelle et totalement ancrée dans son époque.


L’écriture d’Hugues Pagan nous plonge, pour commencer, dans un tourbillon de sensations.
On sent le froid, l’humidité, on voit les rues envahies de neige fondue brunâtre, on entend claquer le zippo de Schneider, on sent l’odeur permanente des cigarettes (ce qui ramène les moins jeunes d’entre nous à des voyages en wagons fumeurs, ou à des salles de réunions et des bars enfumés)…


Un auteur qui a le chic pour nous révéler juste ce qu’il faut des personnages, de leur passé, de leurs relations.
Juste ce qu’il faut pour que l’on comprenne, un peu, et qu’on s’attache, beaucoup.
Mais rien de trop, pour laisser une grande part de mystère, pour qu’ils restent en partie dans le flou.
Un flou résumé par cette phrase du seul personnage qui semble connaître un peu Schneider : « Vous ne savez pas qui est Schneider. Personne ne sait qui est Schneider. Ce que je sais, c’est ce qu’il a fait. »


Et finalement, plus que la résolution de l’affaire (ou des affaires), c’est l’attachement aux différents personnages, qu’ils soient de premier plan ou juste esquissés, qui fait qu’on ne peut pas se décrocher du bouquin, qu’on le lit d’une traite.
Rien de tel que des clichés bien maîtrisés pour vous prendre aux tripes et ne plus vous lâcher.
Et Hugues Pagan les maîtrise à merveille.



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MessagePosté le: Sam Sep 16, 2017 8:56 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Bernard Poirette dans C'est à lire sur RTL, à (ré)écouter en podcast ici :

Citation:

C'est à lire : "Profil perdu" de Hugues Pagan


REPLAY - Hugues Pagan fait son grand retour sur la scène littéraire avec Profil perdu, un policier trois étoiles.




Hiver 1979, dans une ville du Nord Est de la France.
Un flic des stups, Meunier, est abattu le soir de Noël par un motard, à une pompe à essence.
La vidéo-surveillance a tout vu.
Le pompiste aussi.
Schneider, un ancien para d'Algérie patron de la Crim' est chargé de l'enquête.
Elle est rapide.
Le tueur passe aux aveux.
Fin de l'histoire.
Evidemment non, parce que le coupable ne l'est pas vraiment.
Parce que la brigade des stups veut la peau de Schneider, tout comme les Bœufs Carottes d'ailleurs.


Et parce que dans le même temps, Cheroquee est entrée dans le décor.
Ah… Cheroquee !
Infirmière, profilée comme un croiseur d'attaque et raide amoureuse de Schneider.
C'est réciproque, mais difficile à admettre pour ce solitaire endurci qui passe ses nuits blanches avec les fantômes des opérations de "pacification" dans les Aurès.
Avec ce fond de sauce assez classique, Hugues Pagan nous mitonne un ragoût policier trois étoiles.
Le ragoût a eu le temps de mijoter.
Dix ans exactement, sans écrire un bouquin.
On trouvait le temps long.
Et nous sommes récompensés.


Pagan, ancien flic lui-même et qui vient d'avoir 70 ans revient très en forme.
Exemple :
« Il n'y avait pas de meubles chez Schneider, seulement ce qui était nécessaire à la survie d'un homme démesurément seul. Une cuisine moderne aussi pratique et chaleureuse qu'un bloc opératoire. Des tiroirs vides, un frigo avec presque rien dedans. Il avait laissé un double de clés à Cheroquee, libre à elle de s'en servir ou pas. Des clés, on les utilise aussi bien pour partir que pour revenir. »

C'est beau, non ?



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MessagePosté le: Lun Oct 02, 2017 6:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Yan sur Encore du Noir :

Citation:

Profil perdu, de Hugues Pagan



Vingt ans après Dernière station avant l’autoroute, Profil perdu marque le retour en littérature de Hugues Pagan.
Vingt ans qui n’ont ni érodé la plume de l’auteur, reconnaissable entre mille, ni relégué au placard ses obsessions : les femmes – celles pour lesquelles on est prêt à sombrer –, la guerre d’Algérie, l’absence de ligne entre le bien et le mal, sorte d’estran où les deux principes se retrouvent et se mêlent en laissant parfois derrière eux une mare d’eau stagnante.


On commence avec Meunier, flic sans grands talents mais honnête qui, en ce 31 janvier 1979, après lui avoir présenté des photos d’une mystérieuse jeune femme, laisse partir un petit dealer sans l’avoir fouillé.
Quelques heures plus tard, Meunier gît sur le sol d’une station-service.
C’est Schneider, chef du Groupe criminel, qui est chargé de l’enquête.
Schneider et sa réputation d’animal à sang froid, Schneider et son équipe aux méthodes que l’on qualifiera pudiquement de peu conventionnelles, Schneider et ses souvenirs de l’Algérie où il a failli laisser sa peau et a certainement abandonné un peu de lui-même dans une grotte, Schneider qui vient de rencontrer Cheroquee, désormais sa seule raison de vivre.


On ne lit généralement pas Hugues Pagan pour se payer une bonne tranche de rigolade, même si l’auteur ne se dépare jamais d’une ironie bienvenue.

« Müller était rentré s'asseoir. Il avait examiné clichés et documents. Schneider fumait en silence, les yeux creux. Müller avait conclu :

- Francky l'a dans le cul, fort et clair.

Il était l'homme des conclusions simples et des propos elliptiques. »



Et donc, si plus d’une situation prête à sourire, Profil perdu est surtout une histoire d’amour dévorante et pathétique – au sens premier du terme – sur fond d’enquête criminelle aussi complexe que tragique.
Le roman de Pagan est par ailleurs peuplé de fantômes, Schneider bien entendu et ceux qui le hantent, Meunier aussi, à sa manière, Monsieur Tom, l’avocat et ancien frère d’armes avec ses réseaux souterrains qui semble ne plus vivre que dans son bureau clos, et cette femme qui échappe à tous.
Hugues Pagan les fait hanter cette ville de l’est prise par le froid et la glace et confère à son roman une atmosphère de fin d’époque, de basculement vers un autre monde qui pourrait peut-être être mieux mais dont on comprend assez vite que l’on se satisferait du simple fait qu’il ne soit pas pire que l’ancien.
Mais s’ils se meuvent souvent à la manière de spectres, les personnages de Profil perdu n’en prennent pas moins chair sous la plume de Pagan qui confère à chacun, y compris aux seconds rôles, une rare épaisseur.
Ce n’est pas parce que l’on est dans les limbes que l’on n’existe pas.
Et chacun, femmes et hommes, existe pleinement avec ses nombreux défauts et ses rares qualités, avec ses ambitions et ses regrets, et surtout avec ses compromissions ou ses refus de courber l’échine.


Autant dire que Hugues Pagan, s’il s’est longtemps fait désirer, n’a pas manqué son retour et que Profil perdu prend sans nul doute place parmi ses meilleurs romans et, incontestablement, parmi les meilleurs romans noirs de ces derniers mois.



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Hoel
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Le Vol des Cigognes

MessagePosté le: Sam Nov 03, 2018 9:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mon avis vient de paraître sur Polars Pourpres.



Sur Polars Pourpres, Hoel a écrit:
Le grand retour d'Hugues Pagan

À « l'Usine », commissariat d'une ville de l'est de la France, Meunier, un jeune inspecteur intègre des stups interroge Bugsy, un dealer notoire. L'homme ne dira rien concernant la jeune femme sur la photo sauf à parler à Schneider. Le policier le relâche, en ayant oublié de le fouiller intégralement au préalable, erreur qui lui sera reprochée ensuite.
Schneider, c'est le chef de la Crim. Un ancien soldat qui a fait l'Algérie et qui a ses méthodes bien à lui. Il doit bientôt enquêter sur l'agression de Meunier, laissé entre la vie et la mort à une station-service. Cette fin d'année ne sera décidément pas comme les autres. Lui qui ne croyait plus ça possible, il rencontre aussi une femme qui va lui faire tourner la tête.

Certains lecteurs, notamment les plus jeunes, n'ont peut-être jamais lu Hugues Pagan. L'ancien policier a beaucoup écrit dans les années 1990. Son œuvre, publiée chez Rivages, contient notamment Dernière station avant l'autoroute pour lequel il a reçu le prix Mystère de la critique en 1998. Depuis 2003, plus un roman : l'auteur s'était mué en scénariste pour la télévision (Mafiosa pour Canal+ par exemple). Quinze ans après, c'est donc l'heure du retour littéraire pour Hugues Pagan, mais aussi pour Schneider, puisque les aficionados de l'auteur auront déjà pu faire sa connaissance dans deux opus : La mort dans une voiture solitaire (1992) et Boulevard des allongés (1995).
Dans la maison pendant un quart de siècle, l'auteur connaît la vie de commissariat comme peu de romanciers. C'est donc à du procédural classique et rigoureux (sans être trop chargé) auquel on a affaire ici, domaine plutôt réservé aux Anglo-Saxons ou autres Scandinaves habituellement. L'écriture est assez sèche mais les personnages sont très bien dépeints. La vulgarité qui ressort de l'ensemble au départ – dialogues, comportements, notamment envers la gent féminine, etc. – choquera peut-être. Pour autant, l'idylle entre la jeune Cheroquee – c'est son nom – et le flic désabusé est joliment narrée. Bien des auteurs de polars tentant d'instiller un brin de romance dans leurs écrits seraient d'ailleurs avisés d'en prendre de la graine. Peut-être les attitudes crasses des uns et des autres contribuent aussi à renforcer le caractère sympathique et sincère de cette histoire aussi inattendue pour chacun de ses protagonistes ?
L'intrigue, sur fond de drogue, de corruption et de mondanités, n'est sans doute pas des plus originales mais elle remplit parfaitement son rôle. Le lecteur est tenu en haleine au moins autant par cette dernière que par l'attachement pour les personnages, souvent ambivalents, décrits à la fois avec une grande habileté et une économie de moyens.

Avec Profil perdu, Hugues Pagan nous démontre, si tant est qu'il en était besoin, qu'il n'a rien perdu de son talent de conteur d'histoires noires. Décor, personnages, intrigue... : tous les éléments sont réunis pour un très bon roman noir. En attendant le prochain, un recueil de nouvelles paraît dans quelques jours, toujours chez Rivages, Mauvaises nouvelles du front.


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Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)

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