Posté le: Ven Mar 06, 2015 5:40 am Sujet du message: Les variations Sebastian - Emily St John Mandel (Rivages)
Après deux romans déjà très remarqués en France comme à l'international, Dernière nuit à Montréal et On ne joue pas avec la mort (Prix Mystère de la Critique en 2014), Les variations Sebastian est le nouveau roman d'Emily St John Mandel à paraître en France en Rivages/Thriller, dans une traduction de Gérard de Chergé.
À noter qu'Emily St John Mandel a été l'an dernier finaliste du plus prestigieux prix littéraire américain, le National Book Award 2014 (le Goncourt américain) pour son quatrième roman, Station Eleven.
Le livre :
Lorsque Gavin, journaliste new-yorkais, retourne à Sebastian, dans sa Floride natale, il ne se doute pas que sa vie va basculer.
C'est une photo qui déclenche tout.
Celle que sa soeur a prise devant une maison dont les occupants sont sur le point d'être expulsés.
Gavin y voit le visage d'une fillette qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau.
D'un coup, c'est toute sa jeunesse qui remonte à la surface : le lycée de Sebastian, la fondation du Lola Quartet avec Daniel, Jack et Sasha.
Et surtout, son amour pour la fantasque Anna, qui avait mystérieusement disparu à la fin de l'année scolaire.
Est-il possible que cette petite fille soit la leur ?
Où est-elle maintenant ? Qu'est devenue Anna ?
La réponse à ces questions va conduire Gavin au coeur des ténèbres.
« Son talent hors norme n'échappera bientôt plus à personne. » Paris Match
Emily St. John Mandel est née au Canada et a étudié la danse à Toronto.
Elle réside aujourd'hui à Brooklyn.
Elle a reçu le prix Mystère de la critique 2014 pour son précédent roman On ne joue pas avec la mort.
_________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Dernière édition par norbert le Jeu Aoû 18, 2016 7:43 pm; édité 1 fois
Amateurs d'élégance, de polars finement dessinés, de personnages piochés dans le quotidien, voici Les variations Sebastian, joli titre pour parler d'une ville où se joue une quête des fantômes de la jeunesse, une quête des rêves anciens mais aussi une vraie poursuite pour sauver un ancien amour et une petite fille de dix ans.
Dans le genre carré amoureux, Les variations Sebastian se pose là.
Gavin a été raide dingue d'Anna lorsqu'ils étaient au lycée de la petite ville de Sébastian. Lui jouait de la trompette dans le groupe jazzy du lycée.
Le soir de leur dernier concert avant les vacances, avant que tout le monde parte loin, étudier, Anna a disparu, sans un mot.
Spoiler:
Dix ans après, elle réapparaît. Et elle a de sacrés soucis.
Dans une ambiance musicale constante, Emily St John Mandel montre une Anna rebelle, en rupture familiale, en rupture amoureuse aussi.
Elle s'enfuit avec un ami de Gavin et, jeune fille enceinte, tente de se reconstruire.
Mais la vie ne lui fait pas de cadeau.
Sauf un, la possibilité de piquer le fric d'un dealer de meth. 118 000 dollars pour rebondir, aider sa sœur, respirer un peu.
Elle tombe dans les bras d'un super guitariste, élève sa fille.
Mais la menace du dealer n'est jamais loin.
Pendant ce temps Gavin, journaliste à New-York, reçoit des nouvelles de sa sœur, restée en Floride.
Elle lui montre la photo d'une petite fille qu'elle a croisé dans une vente immobilière, une petite fille qui ressemble trop à Gavin pour que ce soit un hasard.
Très classique dans la forme, dans ses va et vient entre le présent et le passé, Les variations Sébastian est d'une pudeur incroyable sur les sentiments, d'une finesse rare quand il s'agit d'évoquer les liens entre d'anciens amis, partagés entre la jalousie et la loyauté.
Surtout, elle sait maintenir une tension constante sans un millilitre d'hémoglobine.
La résolution de l'intrigue se fera en un claquement de doigts étouffé, presque comme une évidence.
L'auteur parvient à faire suer les pages de son roman dans cette atmosphère d'été en Floride, elle parvient à nous faire sentir le café dans son diner nocturne...
Impeccable.
>> La chronique de Yann Plougastel, journaliste au Monde, sur son blog Quelques nuances de noir :
Citation:
Les variations d’Emily St. John Mandel
On ne badine pas avec l’amour.
Surtout lorsqu’il surgit à l’adolescence au moment où vous soufflez dans une trompette au sein d’une formation de jazz…
Le problème de Gavin, c’est que cet amour, celui d’Anna, une jeune lycéenne de Sebastian, un bled perdu de Floride, est entré dans sa vie aussi vite qu’il en est parti.
Plus tard, beaucoup plus tard, devenu une étoile naissante du journalisme new yorkais, Gavin, au cours d’un reportage sur les crocodiles, tombe sur la photo d’une petite fille, qui a d’étranges airs de ressemblance.
Il en a assez de ce journalisme, qui, de crises en plans sociaux, fout le camp et commence, par profonde fatigue, à bidonner ses papiers. Ce qui le conduit à être viré et le force à retourner à Sebastian où il va pouvoir partir en quête de cette fillette et de sa mère, Anna, disparue après un concert…
Dans ce troisième roman (Dernière nuit à Montréal, 2012 ; On ne joue pas avec la mort, 2013), Emily St. John Mandel renoue avec ces chemins de traverse qu’empruntent ses personnages en perpétuelle errance, à cheval entre doute existentiel et mélancolie presque métaphysique.
La vérité ne s’y dévoile que peu à peu, à travers les différents points de vue des intervenants.
L’ambiguïté sert de fil rouge à une intrigue, où les fantômes du passé mènent par la main les protagonistes d’un présent encombré de vengeance, de drogue et de violence.
Emily St. John Mandel possède sa propre musique, toute en nuances et en subtiles variations autour d’un même thème.
Qui, souvent, se résume à comment dire « je t’aime ».
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Dernière édition par norbert le Dim Aoû 21, 2016 3:22 am; édité 2 fois
Introduction : « Moi aussi j'aurais bien aimé avoir un joli prénom et un nom long comme un jour sans pain. Mais Bob m'a affublée d'un Penny Laine dont je me serai bien passée. Sinon Emily et son Lola Quartet (titre original) c'est Whaouh ! »
Là, tu vois, je rentre de congés et faut pas m'agacer alors, je le dis tout net, je ne ferai pas de résumé de ces Variations Sebastian qui, je dois l'avouer, m'ont bien emballées.
Bien sûr j'aurai pu commencer en disant que c'est le dernier concert de l'année scolaire de Gavin et son groupe, qu'il cherche sa petite amie Anna et finit par découvrir qu'elle s'est barrée il ne sait où et l'a laissé tomber comme une vieille chaussette, que dix ans plus tard par le plus grand des hasards il retrouve sa trace et que ça risque de partir en quenouille.
Mais il n’en sera pas question, pas de résumé, c'est comme ça et pas autrement.
C'est sur des tonalités de jazz que ce récit s'égrène et se compose pour nous embarquer dans la torpeur de cette Floride où grouillent de grosses bestioles dans les canaux.
C'est à Sebastian que Gavin, viré de son boulot de journaliste, rejoint sa sœur et tente de recréer le lien avec Anna la rebelle, qui a eu le malheur de piquer un gros paquet de pèze à un dealer et qui vit avec sa fille et un gazier, guitariste de jazz.
Mais Dieu que cette gamine ressemble à Gavin !
Dans sa quête Gavin, suant sang et eau, va aller à la rencontre de ses anciens potes.
Leur passé va éclabousser le récit d'une tendre nostalgie mais aussi de cuisantes confessions que l'auteure parvient à nous communiquer avec une sobre élégance.
Sans spoiler l’intrigue, elle nous fait suivre la courbe nuancée des émotions des divers personnages dans leurs parcours entachés de douloureux tourments.
L'émotion est le maître mot de ce roman.
Il est question d'amitiés, d'amour perdu, de passion, de fuite et d'une quête désespérée.
S'il l'on découvre une scène de violence, celle-ci s'exprime aussi avec mesure dans les sentiments partagés.
Cependant l'auteure n'oublie pas de pointer du doigt ces usuriers qui se rabattent sur leurs proies et s'empiffrent de cette crise qui malmène autant la Floride que l'ensemble du pays.
Le tempo ne faiblit jamais dans ce récit rythmé par le parcours de Gavin sous une nappe de notes bleues pour se conclure sans fracas.
Emily St. John Mandel a de la tendresse pour ses personnages et c'est tout simplement beau, émouvant et mélodieux.
Mention : Quel titre ! Mais quel titre !
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Posté le: Mar Mai 31, 2016 6:09 am Sujet du message:
El Marco a écrit:
Sortie en poche le 24 août.
Et son nouveau roman, Station Eleven, finaliste du prestigieux National Book Award en 2014 et lauréat du Prix Arthur C. Clarke 2015, paraîtra à la rentrée dans la collection de littérature étrangère de Rivages, avant de rejoindre dans 1 ou 2 ans ses petits frères en poche chez Rivages/Noir !
Exactement comme le nouveau roman de Mark Haskell Smith, Ceci n'est pas une histoire d'amour, qui sort aujourd'hui en grand format en litté étrangère tandis que Défoncé paraît en poche chez Rivages/Noir.
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Posté le: Dim Aoû 21, 2016 4:16 am Sujet du message:
Environ deux ans après l'enchantement d'On ne joue pas avec la mort, seules quelques pages de ce nouveau roman auront à nouveau suffit à me faire chavirer corps et âme sous la plume élégiaque d'Emily St John Mandel.
Bien que n'en ayant lu pour l'instant qu'un tiers environ, difficile de ne pas se faire embarquer et envoûter dès les premières pages par tant de subtilité et de finesse.
La marque d'un immense écrivain.
J'y retourne ! _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
Posté le: Dim Aoû 21, 2016 3:23 pm Sujet du message:
faut que je m'y mette _________________ À chaque décision que nous prenons, nous créons un nouvel avenir. Et, ce faisant, nous détruisons tous ceux que nous aurions pu avoir à la place.
Lou Berney November Road
Posté le: Sam Aoû 27, 2016 5:07 am Sujet du message:
JohnSteed a écrit:
Demain, achat et je commence la lecture ce week end. A moins que je commence Le crime de Julian Wells de Thomas H. Cook?
Des conseils?
Je n'ai pas lu ce roman de Cook, mais je sais qu'il fait partie - avec Emily St John Mandel - de mes auteurs préférés.
D'ailleurs, et même si leurs registres sont très différents, ils possèdent en tout cas un point commun : la subtilité et la finesse de leur écriture, de leurs intrigues et de leurs personnages.
D'après les échos lus ou entendus à propos du Crime de Julian Wells de Cook, l'intrigue sera plus "policière" - et même d'espionnage, pour être exact - que celle du roman de St John Mandel qui, lui, est un (magnifique) roman noir sur l'amitié à l'adolescence, les liens qui peuvent se distendre après le passage à l'âge adulte et à la vie professionnelle, le poids des secrets, les désillusions, les micro-tragédies intimes et/ou familiales qui touchent ou rattrapent à un moment donné des jeunes et les embarquent bien loin de la vie dont ils rêvaient.
Un roman intimiste, touchant et captivant, plein d'espoirs brisés, d'émotions contenues et de destins qui vacillent, mais sans aucun pathos.
Une nouvelle réussite pour Emily St John Mandel !
El Marco a écrit:
Sortie le 24 août.
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Posté le: Dim Sep 04, 2016 8:12 am Sujet du message:
Ce livre est un véritable puzzle où chaque chapitre est un morceau qui au final nous permet de découvrir une très belle histoire, touchante et poignante.
Posté le: Dim Sep 04, 2016 9:46 pm Sujet du message:
JohnSteed a écrit:
Ce livre est un véritable puzzle où chaque chapitre est un morceau qui au final nous permet de découvrir une très belle histoire, touchante et poignante.
Un superbe roman, oui. _________________ « Il vaut mieux cinq mille lecteurs qui ne vous oublieront plus jamais à des centaines de milliers qui vous auront consommé comme une denrée périssable. » Jérôme Leroy
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