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Suburra - Giancarlo De Cataldo & Carlo Bonini (Métailié)
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norbert
Serial killer : Hannibal Lecter


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Le Serment des Limbes

MessagePosté le: Mar Jan 05, 2016 1:35 am    Sujet du message: Suburra - Giancarlo De Cataldo & Carlo Bonini (Métailié) Répondre en citant

Après le fameux Romanzo Criminale, Giancarlo De Cataldo s'allie avec Carlo Bonini pour nous livrer, avec Suburra, un portrait effrayant, malheureusement prophétique, hyperréaliste et documenté, de la mafia italienne à l'oeuvre aujourd'hui.
Adapté au cinéma par Stefano Sollima (Gomorra, Romanzo Criminale tv), Suburra paraîtra chez Métailié Noir le 7 janvier, dans une traduction de Serge Quadruppani.






Le livre :

Après Romanzo Criminale, une nouvelle plongée dans la mafia italienne, mais dans la Rome d’aujourd’hui. Et un écho troublant au procès « Mafia Capitale » qui secoue l’Italie depuis le 5 novembre…

Rome, de nos jours.
Samouraï, ex-leader fasciste devenu gangster, est sur le point de réaliser le couronnement de sa carrière criminelle : piloter en sous-main un gigantesque projet immobilier prévoyant la bétonisation du territoire, du bord de mer jusqu’à la capitale.
Pour cela, il lui faut maintenir à tout prix la paix entre les différentes mafias qu’il fédère : Calabrais, Napolitains, Gitans…
Il s’appuie aussi sur les réseaux de Malgradi, politicien priapique et véreux.
Mais une nuit de débauche tourne mal, et Malgradi ayant demandé à un dealer de le débarrasser du corps d’une putain, le dealer essaie de le faire chanter.
Numéro Huit, brute cocaïnomane, chef de clan, vient au secours du député…
Ces meurtres vont déclencher des réactions en chaîne d’autant plus dangereuses pour le grand projet de Samouraï que ce dernier voit se dresser contre lui un ex-disciple, le lieutenant-colonel Marco Malatesta, désormais à la tête d’une unité d’élite de carabiniers.

Mais Samouraï dispose de nombreux alliés dans les allées du pouvoir, de monseigneur Mariano Tempesta, évêque affairiste gay, à Morgana, tueuse déjantée et sexy, en passant par Liberati, journaliste corrompu, et Terenzi, carabinier ripou.

En face, Marco aura à ses côtés Michelangelo, procureur pianiste de jazz, et trois femmes, la belle Alba, collègue et ex-petite amie, Alice, son nouvel amour, blogueuse altermondialiste, et Sabrina, ex-pute, incarnation du bon sens populaire au pays de la gauche-caviar médiatique.

Des salons chics aux gigantesques night-clubs de la périphérie où l’on mange, se drogue, tue et se prostitue avec une monstrueuse vitalité, De Cataldo et Bonini racontent les coulisses criminelles de Rome.

Dans ce récit dont l’actualité a mis en évidence la véracité documentaire jusque dans les moindres détails, De Cataldo démontre une fois encore qu’il a su tirer le meilleur parti des influences qu’il revendique, de Balzac à Ellroy en passant par Tarantino.

Suburra a été adapté au cinéma par Stefano Sollima (Gomorra et Romanzo Criminale tv) et deviendra une série sur Netfix en 2016.





« Un sequel idéal pour Romanzo criminale. Avec une différence inquiétante. Romanzo criminale racontait le proche passé de la République italienne. Les faits divers qui servaient d’inspiration à la fiction appartiennent désormais à l’histoire. Suburra, avec l’artifice du roman, représente l’Italie du présent. Et le tableau est on ne peut plus noir. Il n’y a pas de rédemption, au milieu des décombres et du vide politique de Suburra. C’est de la fiction, d’accord. Mais aussi un requiem pour l’espoir et un cri d’alarme. La réalité n’est peut-être pas si loin. »
Dario Pappalardo - La Repubblica

« Suburra raconte tout cela dans un style rapide et rugueux, franchement visuel, avec le cinéma en tête. C’est un très beau scénario, dense, aux contours inquiétants. »
Santa di Salvo - Il Mattino

« Le Suburra coécrit par l'auteur de Romanzo criminale et le journaliste d'investigation à La Repubblica cherche à distiller, par le truchement d'un roman choral, une science de la tectonique des plaques mafieuses à Rome. Le roman mise sur une accumulation de situations qui élèvera la fiction à une qualité quasi documentaire. »
Pierre-Edouard Peillon - Le Magazine Littéraire

« La grande force de Suburra réside dans l’honnêteté avec laquelle Giancarlo de Cataldo et Carlo Bonini se risquent dans des univers qui sont devenus purement mécaniques. C’est l’horrible et sordide réalité que d’autres écrivains auraient forcée en l’embellissant, et que Bonini et De Cataldo, à l’inverse, trouvent le courage de raconter sans filtre, renonçant par là à ce qui serait un mensonge : la recherche d’une forme de beauté dans un univers qui a décidé d’y renoncer depuis si longtemps qu’il a fini par oublier qu’elle existe. »
Paolo Sorrentino - La Repubblica





Les auteurs :

Carlo Bonini est journaliste d’investigation au journal La Repubblica, et grand connaisseur des dessous politiques et policiers italiens.

Giancarlo De Cataldo, juge au tribunal de Rome, est l’auteur entre autres de Romanzo Criminale, de La Saison des massacres et de Je suis le Libanais.
Métailié Noir publiera en automne 2016 la fin de la saga sur la corruption à Rome.



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MessagePosté le: Dim Jan 10, 2016 7:56 am    Sujet du message: Répondre en citant




Le trailer du film de Stefano Sollima :


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MessagePosté le: Dim Jan 10, 2016 8:57 am    Sujet du message: Répondre en citant




« Il y a dans ce livre de la politique, du rythme et du nerf, des psychopathes et des personnages madrés et, surtout, une grande intelligence. Cataldo et Bonini démontrent que la littérature est ­doublement l’art de relier les points : entre deux événements, pour en montrer les ressorts ­secrets, et ­entre les phrases. ­Passionnant. »
Macha Méry - Le Monde des Livres
( Lire l'article en entier et la rencontre avec Giancarlo de Cataldo ici )




>> La chronique de Philippe Lemaire sur Onlalu.com :

Citation:

Non la mafia ne fait pas rêver


Depuis dix ans et la parution de Romanzo Criminale, Giancarlo de Cataldo s’évertue à ce que jamais la mafia italienne ne puisse faire rêver.
S’il concède aux chefs de clan une forme d’intelligence qui, sans l’excuser, donne du sens à leur sanglante dérive, il dépeint un monde fermé sur lui-même, où cruauté et cupidité, indissociables, étouffent toute autre aspiration, tout sentiment.
Pour le sixième volet de sa saga mafieuse, Suburra, le juge-écrivain romain a adossé son inspiration à celle du journaliste d’investigation Carlo Bonini.

Ensemble, ils ont mis dans le mille.
Anticipant un énorme scandale de corruption qui a trouvé son issue en novembre dans un procès retentissant…
Montrant autour de leur patron, le Samouraï, des voyous infiniment plus « affreux, sales et méchants » que les pauvres du film d’Ettore Scola…
Cernant l’isolement des quelques magistrats et policiers restés intègres face à la pieuvre…
Si son adaptation au cinéma est expurgée de tout personnage positif, le roman oppose en effet à la résolution froide et cynique des criminels la foi et le courage d’un policier d’élite, d’un procureur et d’une blogueuse activiste.
Face à l’alliance venimeuse des tueurs romains, napolitains, calabrais et gitans, face à la lâcheté des responsables politiques et policiers ayant vendu leur âme au diable, l’humanité du trio apparaît bien fragile.
La peinture de cette nouvelle décadence romaine n’en est que plus dérangeante.




>> Lire également l’interview de Giancarlo de Cataldo ici



Giancarlo De Cataldo : « Le code moral est une pure invention »


Avec « Suburra », publié en 2013 en Italie, vous avez en quelque sorte anticipé l’affaire dite « Mafia Capitale », qui vient tout juste d’être jugée à Rome…

Avec Carlo Bonini, nous avons commencé à réfléchir à ce livre fin 2011, pour l’écrire en 2012 et le sortir en septembre 2013… Carlo est un journaliste d’investigation qui connaît bien la réalité romaine, il m’a apporté beaucoup d’informations, et ensemble, on a compris qu’avant cette période, il s’était passé des choses entre la mafia et la droite affairiste, sous les yeux d’une gauche distraite. On a remarqué des changements dans le paysage urbain, de simples boutiques qui devenaient de grandes chaînes de magasins ou des restaurants où l’on flairait la présence de la pègre. Il y a eu ce député pris dans une orgie avec des jeunes femmes et de la cocaïne, et cet autre qui a conclu un accord avec le procureur pour rendre 300 millions d’euros… On a réuni tout cela sans savoir qu’il y avait une enquête. Quand on a écrit que Rome puait la Mafia, on nous a dit qu’on exagérait. Et puis quand l’enquête de la justice a été révélée, on nous a dit qu’on aurait pu aller beaucoup plus loin…

« Suburra » réunit une incroyable galerie de personnages. Y en a-t-il un qui se soit imposé à vous plus que les autres ?

On travaille sur des types humains qui deviennent des archétypes littéraires. Le chef de la pègre, c’est celui qui règle les conflits. Il n’est donc jamais jeune, car les jeunes tuent pour régler les problèmes. Le chef a une expérience de la pègre ancienne. Et comme dans la période 2011-2012, la droite était au pouvoir, quel personage ayant un passé d’extrême-droite a pu travailler comme entrepreneur ou gérer des contrats publics ? C’est comme cela qu’est venu l’idée du samouraï. Mais aucun chef mafieux n’a jamais utilisé, comme lui, de Katana pour tuer. Pas plus qu’il n’y a eu de trafic de cocaïne avec une mafia georgienne. Notre livre n’est pas une enquête et nous n’avons pas eu accès privilégié à des informations secrètes.

Vous avez donc tout déduit, tout imaginé ?

Des enquêtes journalistiques parues quelques mois avant ou après notre roman vont plus loin et donnent des noms. Mais nous, nous introduisons des éléments ou des scènes qui n’ont pas existé, le Dubaï Palace, la prostituée Sabrina, les fêtes… Dans la réalité, les invités de certaines fêtes mafieuses portaient des têtes de cochons en guise de masque et dînaient assis sur des WC en proclamant « Nous sommes dans la merde ! »… C’est moins raffiné que ce que nous décrivons.

Hormis leur chef, le Samouraï, les mafieux de « Suburra » apparaissent tous incroyablement stupides. Vous avez forcé le trait ?

Ce n’est pas la réalité romaine, mais c’est celle de la criminalité en général. Le jeune criminel est très violent. Et la loi du milieu est de se montrer sans pitié, cruel, de faire peur aux autres. Si on veut devenir chef, il faut prendre ses distances avec la rue et devenir bourgeois. Un criminel bourgeois peut travailler ses relations, ses réseaux, et se maintenir sans violence, sans morts. La menace de la violence lui suffit. La respectabilité criminelle implique que tu peux tenir ta parole sans avoir à tirer. Par chance – pour nous – quand un criminel s’embourgeoise, un jeune arrive qui a plus faim et prend son poste. La chance, c’est qu’ils n’ont pas compris cette règle du jeu…

Comment faire en sorte que le Samouraï ne soit pas trop fascinant ?

Dans « Romanzo criminale », les personnages de bandits sont fascinants. Ici, ils sont affreux, sales et méchants. Même celui qu’on appelle « Numéro 8 » est glacial. La technique consiste à donner à chacun sa propre voix, ses propres pensées, sa propre originalité, tout en taisant celle de l’auteur. Le Samouraï apparaît tel qu’il se perçoit, tel qu’il se raconte. Mais la littérature criminelle consiste de toute façon à rendre les méchants fascinants. Il faut juste que les bons ne soient pas fades. Notre Samouraï a quelque chose de celui que jouait Alain Delon dans le film de Jean-Pierre Melville. C’est un tueur avec un code moral. Sinon que le code moral est une pure invention.

Votre roman met en cause un homme d’église, des élus, des magistrats, des policiers, tous vendus à la Mafia… Vous avez dû en fâcher quelques-uns…

On s’est fait beaucoup d’ennemis, c’est vrai. Peut-être que je devrais plutôt écrire des histoires de commissaires qui aiment la bonne cuisine et enquêtent sur des délits commis par des notables ? Mais tout ce que nous racontons vient des rubriques de faits divers : un prêtre arrêté pour avoir volé, des responsables politiques qui concluent un accord avec la justice pour rendre de l’argent détourné, des policiers corrompus mis en examen, des magistrats virés… Cela ne veut pas dire que dans la réalité tous sont des saints, ni que tous sont corrompus. C’est une question de dosage. Si l’on collait trop à la réalité, l’histoire ne serait pas jolie-jolie à regarder.

Qu’avez-vos pensé du film tiré de votre livre ?

Magnifique, mais très différent. Nous avons collaboré au scénario, mais c’est le film de Stefano Sollima. Il a choisi de n’adapter que la guerre entre les Anacleti et Numero 8, autour du projet immobilier Waterfront à Ostie. Ce n’est pas notre roman. Il y a aussi en projet une série produite par Netflix avec la participation de la RAI, qui en est au stade du synopsis. Je suis impliqué, là aussi, car j’ai une nature de père anxieux et je veux m’en mêler.

« Suburra » est votre deuxième livre écrit à quatre mains. Qu’est-ce que cela change, de travailler à deux ?

Il faut être amis, avoir un plan commun et la même idée de l’écriture. On se partage les personnages, j’écris une partie, Carlo une autre, on échange pour se corriger mutuellement et, ensuite, je révise tout le texte, notamment pour harmoniser la langue. A la fin, on lit tout le texte ensemble, à haute voix. Mais ma première lectrice, c’est ma femme. Et elle est dure avec moi. Si c’est bon, elle dit : « C’est bon ». Mais si ça ne lui plaît pas, c’est: « Mais qu’est-ce que tu as écrit là ? » Alors, je m’énerve, j’invoque les tendances littéraires du moment, les critiques allemands, les auteurs américains ou les lecteurs français. Mais elle ne bouge pas : « Ça n’est pas bon ». Elle a raison dans 99% des cas. Elle exerce un contrôle très fort sur les personnages féminins, elle est persuadée que nous n’avons pas la sensibilité pour comprendre l’âme des femmes. Pourtant, les femmes fortes, je sais ce que c’est : j’en ai épousé une !

Philippe Lemaire



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norbert
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MessagePosté le: Mar Jan 12, 2016 3:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Marc Fernandez pour Metro News :

Citation:

Sexe, drogue et politique : Rome est en feu dans "Suburra", premier grand polar de 2016

NOIR, C’EST NOIR – Le crime vous passionne ? Chaque semaine, retrouvez le coup de cœur de Marc Fernandez, notre expert du roman policier.
Aujourd'hui : "Suburra", de Giancarlo De Cataldo et Carlo Bonini.



L’année polar démarre très fort.
Elle sera noire de chez noire, bien tassée, bien frappée et bien ancrée dans la réalité la plus dure de nos sociétés.
"Ce monde ne sent pas très bon, mais c’est celui dans lequel on vit", écrivait le maître Raymond Chandler dans les années 50.
Nous sommes en 2016 et rien n’a changé.
Ou si. En pire.
Pour cette première chronique d’après la trêve des confiseurs, direction l’Italie.
Pardon, direction Rome.
Une capitale comme vous ne la connaissez pas.
Celle des magouilles, des meurtres, de la mafia, de la corruption.
Avec Suburra (drôle de nom pour un roman, mais lisez jusqu’au bout pour comprendre), qui paraît aux éditions Métailié, Giancarlo De Cataldo et Carlo Bonini s’érigent en héritiers italiens d’Ellroy, de Tarantino mais aussi de Truman Capote et de Balzac.


C’est qui ?

Giancarlo De Cataldo et Carlo Bonini.
Ils s’y sont mis à deux, ont uni leurs forces pour nous proposer un roman coup de poing.
Ces deux-là ne sont pas des inconnus.
Le premier, juge au tribunal de Rome de son état, s’est fait connaitre en France et de par le monde avec Romanzo Criminale, un excellent texte adapté en film et en série télé, qui narrait l’histoire d’une bande de mafieux dans les années 70 et 80.
Il est également l’auteur de Je suis le Libanais, chez le même éditeur, Métailié.
Son complice Bonini lui, est journaliste au quotidien La Repubblica.
C’est sans doute l’un des plus fins connaisseurs des dessous policiers et politiques de son pays, un enquêteur hors pair qui a mis, cette fois, son talent au service de la fiction.


Ça parle de quoi ?

Sexe, drogue et politique...
Nous sommes à Rome aujourd’hui, en compagnie de Samouraï, dont nous avons fait la connaissance dans Romanzo Criminale.
Rappelez-vous, il faisait partie de la bande qui a régné sur la capitale dans les années 70.
Et il est sur le point de réaliser le coup de sa carrière criminelle, à savoir piloter en sous-main un gigantesque projet immobilier qui prévoit de bétonner une partie du territoire, de Rome jusqu’au bord de mer.
Pour réussir, il faut que les différentes factions mafieuses restent en paix.
Pas facile, d’autant que les Calabrais, les Gitans et les Napolitains ne s’aiment pas.
Et que les politiques jouent le jeu.
Alors, quand une nuit, Malgradi, l’un de ces élus corrompus, fait appel à un dealer pour se débarrasser du corps d’une prostituée, c’est le grain de sable qui va enrayer la machine.
Entre hommes politiques véreux, mafieux en tous genres, évêques pas très catholiques, anciennes prostituées, une blogueuse, un journaliste et un carabinier ripou, les affaires de Samouraï se compliquent.


Pourquoi on aime ?

Si Romanzo Criminale racontait le passé, Suburra explore le présent.
C’est sans aucun doute la force de ce roman mené à un rythme infernal (ça défouraille, les cadavres jonchent les pages et les personnages sont plus vrais que nature).
Très bien documenté, il plonge le lecteur dans une Rome méconnue, sans filtre, dans une réalité sordide.
Une fiction certes, mais si ancrée dans le réel qu’elle peut faire froid dans le dos.
Les deux auteurs font preuve d’un talent narratif et littéraire tel que Suburra s’avère un page-turner redoutable.
Malgré la multitude des personnages, des morts, des situations pourries, ils réussissent le tour de force de ne pas perdre le lecteur.
Un lecteur qui passera plusieurs nuits blanches à coup sûr tant il sera pris dans cette histoire.
Un lecteur qui pourra aussi, s’il le souhaite, voir l’adaptation de ce texte sur grand écran (le film est sorti en décembre en France).



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Le Juge Wargrave
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MessagePosté le: Mar Jan 12, 2016 7:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

L'auteur de la chronique est-il le même que celui de

Question
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norbert
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MessagePosté le: Mar Jan 12, 2016 10:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, c'est celui qui avait aussi co-fondé le magazine Alibi et qui depuis un ou deux ans chronique chaque semaine un polar dans Metro News.
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Dodger
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MessagePosté le: Mar Jan 12, 2016 11:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ayant le plaisir de le connaître, j'ajoute que Marc Fernandez est un type très sympa et un lecteur de goût ; alors, s'il dit que c'est bien, en gros vous pouvez y aller (à condition que le sujet vous plaise, hein) Wink
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MessagePosté le: Mer Jan 13, 2016 3:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Jean-Marc Laherrère sur Actu du Noir :

Citation:

La suite magistrale de Romanzo Criminale


En 2006, Romanzo Criminale avait été un véritable choc.
Depuis, même si Giancarlo de Cataldo a écrit plusieurs romans reprenant, plus ou moins, ses personnages, aucun n’avait la puissance de ce roman original (ou originel ?).
Ce coup-ci c’est le bon, avec l’aide de Carlo Bonini, il nous livre une nouveau roman magistral : Suburra.


Rome de nos jours.
De la bande qui a connu Le Libanais, Le Dandy et les autres, ne subsiste que Le Samouraï, truand fascisant, (ex) fan de Mishima, associé à tous les trafics de la ville, en collaboration avec les différentes bandes locales, mais aussi napolitaines, siciliennes, calabraises, gitanes et j’en passe.
Il est sur le point de réussir son plus gros coup : mettre la main sur un projet de bétonnage monumental, sur le front de mer.

Pour cela il a l’appui du Vatican et d’un politique véreux qui doit faire approuver le changement de plan d’urbanisation.
Mais il a aussi face à lui Marco Malatesta, carabinier idéaliste qui, après s’être égaré très jeune dans sa bande, a décidé de le combattre après s’être aperçu qu’il n’était qu’un truand avec un vernis.

Pour que l’affaire aboutisse, Le Samouraï a besoin que les différentes bandes soient en paix, mais un petit loubard trop gourmand vient faire voler en éclat le fragile équilibre de la ville.
La course contre la montre pour l’obtention des permis de construire est lancée.


Il faut bien reconnaître que, mis à part Les Traîtres, monumental roman historique, aucun des romans de Giancarlo de Cataldo n’avait atteint le niveau de son coup de maître : Romanzo Criminale.
Et là, divine surprise, on retrouve le souffle, l’ampleur, le rythme, la complexité et en même temps la limpidité de ce premier roman.
Et c’est un vrai bonheur.

Cette fois encore, il est impressionnant de voir comment, aidé cette fois de Carlo Bonini, il arrive à mêler autant de destins individuels (presque qu’une quarantaine de personnages), autant d’histoires, sans jamais perdre le lecteur.
Comment il transmet autant d’informations sans jamais nous ennuyer ou nous noyer.
On passe de l’un à l’autre, d’une boite de nuit malfamée à l’appartement d’un évêque, d’une pute de luxe à une activiste de gauche en passant par un artisan iranien et tout est fluide, tout coule de source, sans aucun décrochement d’attention, sans hésitation.
Rien que pour cela, le roman est une réussite.

Cette clarté de description, la vivacité du ton sont alliées à une virtuosité de la construction qui fera que tous, même s’ils semblent au départ bien loin de l’action principale, viendront trouver leur place dans le puzzle.

Un puzzle en mouvement qui dépeint la lutte sans merci entre une société totalement corrompue, où le monde politique, l’église, la pègre et certains « serviteurs de l’état » font alliance pour faire main basse sur toutes les sources de profit possibles ; une partie de l’appareil d’état qui reste fidèle à sa mission et tente, avec ses maigres moyens, de lutter contre cette mainmise ; et, troisième force en présence, une société civile qui tente, au minimum de vivre décemment, et parfois de lutter, à sa façon, contre la pourriture.
Une lutte très inégale tant un des trois protagonistes dispose de moyens quasi illimités.
Mais une lutte rendue possible par les déchirements internes de forces qui sont alliées par opportunisme mais ne cherchent, en fait, qu’à augmenter leur propre profit.

Si l’on se passionne pour l’histoire au premier degré, qui est superbement racontée, ce puzzle et la toile de fond du roman font qu’en plus d’être un plaisir de lecture, Suburra est un très grand roman et un témoignage indispensable.
Un roman qu’on peut comparer aux grandes réussites d’un Ellroy, ou plus près de chez nous de Dominique Manotti ou de DOA.

Avec pour le différencier et le rendre unique, un ancrage profond dans la réalité romaine, sa géographie, ses beautés et sa vulgarité, sa bassesse et sa vitalité, ses paysages urbains époustouflants et sa crasse … Sa vie.
Un vrai bonheur.



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MessagePosté le: Jeu Jan 21, 2016 1:08 am    Sujet du message: Répondre en citant

Mon avis:
Citation:
De ce quartier pauvre et malfamé de la ville antique des liaisons dangereuses, paradoxales se tissent au gré de magnétismes contraires aux lois de l’attractivité.

Ecrit à quatre mains, l’alternance de dialogues et de descriptions plus contextuelles et narratives confère à celui-ci un tempo sustento.

On est dans la démonstration des facultés exigibles pour être à la tête de la pyramide. Les descriptions humaines des différents protagonistes dans l’échelle hiérarchique dessinent une esquissse bigarrée et judicieuse des organisations mafieuses.

Dans cet étalage graduel des rôles invoqués, la compréhension de l’architecture et des rouages des pouvoirs parrallèles s’éclairent avec minutie de par l’expertise liée à ses auteurs.

Le sommet s’acquiert par l’empirisme, la « sagesse », l’intellectualisation du monde environnant. Samourai par ses rites, ses manies, son image incarne ses valeurs, les respecte et les « magnifie ». L’interpénétration des milieux politiques, judiciaires, activistes et mafieux dresse irrémédiablement les maux, les métastases de nos sociétés contemporaines.

Suburra image éternelle d’une ville incurable. Demeure d’une plèbe violente et desespérée qui des siècles auparavant s’était faite bourgeoise et qui occupait le centre géographique exact de la ville. Parce qu’elle en était et en restait le cœur. Suburra, l’origine d’une contagion millénaire, d’une mutation génétique irréversible nous prend par la main dans les méandres de la pieuvre et ses ventouses…

Même la philosophie est violence, souffrance. Car il n’est pas possible de penser décemment sans se faire mal. Vous vous ferez peut-être mal mais avec esthétisme.

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Celui qui affronte les monstres devra veiller à ce que, ce faisant, il ne devienne pas lui-même un monstre.
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Le Juge Wargrave
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MessagePosté le: Jeu Jan 21, 2016 6:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Intéressant Chouchou.
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MessagePosté le: Ven Jan 22, 2016 1:15 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ouais...Bof. Mais livre terrible!
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norbert
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MessagePosté le: Ven Jan 22, 2016 5:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai fini Romanzo Criminale, et lui aussi est terrible !
Une fresque criminelle captivante et époustouflante qui, pour ceux qui comme moi n'y connaissaient pas grand' chose sur le fonctionnement politique de l'Italie notamment durant cette période des années 1970-80 ou sur la réelle emprise de la pieuvre, a le mérite de mettre à nu avec beaucoup de fluidité les diverses accointances mafieuses avec la politique, la justice, le monde des affaires, les services secrets ainsi que les innombrables dysfonctionnements de l'Etat italien de l'époque.

Après une petite pause, je plongerai avec bonheur dans ce Suburra !
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MessagePosté le: Mar Jan 26, 2016 9:23 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Yan sur Encore du Noir :

Citation:


En novembre 2014, la police italienne arrêtait Massimo Carminati, dit Le Borgne.
Dans la foulée, des dizaines d’autres personnes sont arrêtées, dont un nombre conséquent de conseillers municipaux et régionaux, fonctionnaires et chefs d’entreprises et, cerise sur le gâteau, l’ancien maire post-fasciste de Rome Gianni Alemano est mis en examen.
À cette occasion, l’emprise de la Mafia – au sens général du terme – sur la capitale italienne apparaît au grand jour.
Le Borgne, les lecteurs de Romanzo Criminale, roman de Giancarlo De Cataldo, ancien juge reconverti dans l’écriture, qui romance l’histoire véridique de l’ascension et de la chute de la bande de la Magliana à Rome dans les années 1970-1980 le connaissent ; il y apparaît sous le surnom du Noir, référence à son appartenance à un groupuscule terroriste d’extrême-droite avant de s’engager dans le banditisme.

Et justement, un an auparavant, en 2013 donc, c’est un peu cette histoire vraie qu’anticipent Carlo Bonini et Giancarlo De Cataldo dans Suburra.

L’alter ego de Carminati s’appelle ici Samouraï, ancien chef d’un groupe fasciste lui aussi reconverti dans le grand banditisme et véritable maître de Rome après avoir su créer des alliances fructueuses avec les différentes factions prêtes à se partager cette ville ouverte, gitans, Camorra et N’Drangheta.
Plus policé et certainement plus malin que ces alliés de circonstance, Samouraï a surtout pour lui de connaître intimement Rome et ceux qui y sont au pouvoir, que ce soit dans les différentes instances politiques ou au sein des forces de l’ordre et de la justice.
Grâce à des affinités politiques, bien entendu, car comme le montrent les auteurs, les idées fascistes sont aussi bien implantées dans la pègre que dans les institutions, mais aussi grâce à de nombreux dossiers que Samouraï a pu se procurer et qui lui permettent de tenir la laisse courte à ceux qui sont aux affaires.

Tout pourrait aller pour le mieux, et le grand projet immobilier que caressent le Samouraï et ses complices entre Rome et le littoral d’Ostie pourrait bien sortir de terre si Malgradi, politique corrompu affidé de Samouraï ne dérapait pas lors d’une nuit agitée avec deux prostituées dont l’une finira mangée par les chiens errants après une inhumation aussi sommaire que clandestine.
Dès lors s’enclenche un engrenage de violence et de trahison dans lequel vient par ailleurs s’insérer Marco Malatesta, carabinier tête brûlée et ancien disciple du chef mafieux.

Comme dans Romanzo Criminale, dont la bande de la Magliana hante ce roman, Suburra est d’abord une profusion de personnages.
Ils sont au moins une bonne vingtaine, que Bonini et de Cataldo entendent bien ne pas négliger, à jouer un rôle essentiel dans l’intrigue.
Pour autant, la description de cette Rome souterraine, pourrie par la corruption, minée par les luttes de pouvoir et d’influence, ne se révèle jamais confuse, les auteurs prenant grand soin de ne jamais perdre le lecteur.

Mais au-delà de cette quasi enquête – et on a tôt fait, au moins à cause de la ressemblance des deux noms, d’associer Suburra et GomorraCarlo Bonini et Giancarlo De Cataldo savent donner à leur histoire un véritable souffle romanesque, créent des personnages ambigus dont certains évoluent sur le fil ténu qui sépare le bien du mal.
Des personnages surtout confrontés à de véritables dilemmes moraux, partagés entre la fidélité à leurs idéaux et leurs amours, dépassés par leur hybris ou par la bêtise crasse de ceux qui sont censés les épauler.
Portrait sans fard de la putain croulante que semble être devenue Rome sous les années Berlusconi, Suburra se révèle être un roman passionnant.



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MessagePosté le: Sam Fév 13, 2016 12:32 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Jacques-Olivier Bosco sur Nyctalopes :

Citation:


Un roman d’ aujourd’hui, speedé comme une ligne de coke, politique, cultivé et bourré de monuments.

Un roman comme Rome, en somme !

Avec une écriture d’une vitalité jouissive, Carlo Bonini et Giancarlo De Cataldo vous proposent un voyage pour la planète Rome !

La Rome d’aujourd’hui, mais sans les touristes, la Rome capitale de l’Italie, siège du gouvernement, aux centaines de restaurants et de boutiques de luxes, des fanatiques de foot – du chef des carabiniers au dealer du bout de la ligne -, et surtout la grande citadine qui fait battre le cœur de ses habitants et de ses banlieusards.

Partant d’une intrigue basée sur la réalisation (ou non) d’un énorme chantier entre la ville et la mer, entre Rome et Ostie la balnéaire, nous entrons dans la peau, nous devenons le maillot de corps des personnages que font joyeusement vivre ( et mourir), de leur plume, les deux auteurs.

Ils arrivent, avec cette écriture incisive et sublimée, à nous faire ressentir la sueur, mais aussi la respiration en temps réel non seulement des principaux acteurs du livre, et ils sont nombreux, du Prélat au politique en passant par la petite frappe, le restaurateur, l’artisan iranien, le bobo des beaux quartiers, la racaille des banlieues, à travers leurs peurs, leurs angoisses, leurs espoirs d’amour, d’amitié, leurs trahisons et leurs volontés de s’enrichir, changer le monde, tirer un coup ou se droguer afin de tenir le rythme, mais aussi à nous faire ressentir la transpiration, la vitalité et la beauté, même miséreuse, de la ville elle-même : Rome !

Un voyage qui part de sous les aisselles de Rome jusqu’à ses ongles manucurés entre lesquels l’on décortique une gambas grillée accompagnée d’un vin d’Ostie.

En retranscrivant leurs pensées, leurs façons de parler, nous les accompagnons au volant de leur moto, devant un plat de spaghetti aux fruits de mer, et même le nez planté sur une ligne de coke.
Le cœur de la ville bat dans le cœur des personnages et inversement.
Dans ce que l’on appelle le joyeux bordel Italien, on assiste à la construction implacable d’un château de cartes, au-delà des parties de sexe, de drogue et de bouffe, la mort rôde, l’honneur guette, la conviction des flics non corrompus se tend, alors que celle des activistes de gauche cherche en permanence à tout renverser, foutre le grand bordel, dans celui, établi, des mafias et des politiques en Italie.

Nous sommes à la fin d’un règne, vingt années de berlusconisme, – d’ailleurs, les pratiques décrites ( et qui avaient cours il y a encore trois ans) éclateront dans une opération main propre diligentée l’année dernière –, l’Italie est la sixième économie du monde, la quatrième d’Europe, et pourtant, ses députés sont les plus payés et les plus nombreux de la Communauté, le budget de l’état sans cesse au bord de l’explosion et le pays est sous la pression d’au moins quatre mafia.
Imaginez, en France, une mafia bretonne, une marseillaise, une niçoise et une corse, toutes quatre tentant de dévorer la moindre parcelle de trafic, criminel ou immobilier, le moindre marché public, les mâchoires en permanence plantées dans les chevilles de ces députés, justement, juges et notables au nez blanchi par la poudre.
Et pourtant, la justice passe, à Rome comme ailleurs, car les Italiens savent maintenant comment combattre et reconnaître ces mafia.
À tel point que les criminels eux-mêmes se métamorphosent en hommes d’affaires et en politiques, jusqu’à ne plus savoir, à la fin, qui est qui.
L’homme est fragile, la chair est faible, et seul l’honneur et la famille ( au sens large) permettent d’y voir clair.

C’est ce qui donne le ton jubilatoire de Suburra, nous sommes dans la survie, dans l’instant, et malgré cela, les dettes, les menaces de mort, l’Italien n’oublie pas l’amour, l’amitié, la famille, la bouffe, et ( surtout pas) la Roma – et dans une moindre mesure la Lazio.

Nous visitons la ville, traversons des pans d’histoire, du fascisme à la Rome antique, histoire qui semble obséder le Romain lambda.

Mais il faut, je le répète, parler de l’écriture, de sa virtuosité, un roman où l’on se retrouve aux côtés d’un député en train de pisser ( littéralement) sur sa ville de la fenêtre d’un bordel de luxe, à courir entre les balles la nuit dans les dunes d’Ostie, assis face à un homard dont la vie ébouillantée ne date que de quelques minutes, à parler cinéma et littérature dans une soirée de bobos-intellos de gauche, et enfin, recouvert par la fumée graisseuse de centaines de saucisses grillées dans une des plus grosses rôtisserie d’Italie planquée au fin-fond d’un entrepôt de banlieue.

Les auteurs n’oublient pas de rendre hommage aux anciens, comment parler de la plage d’Ostie sans évoquer Pasolini, comment, dans de nombreuses scènes, échanges et dialogues, ne pas penser à Sergio Léone, à Ferreri dans la grande bouffe, et surtout à « Les nouveaux monstres » de Risi et Scola (entre autres).

Un roman en 3D, un flash dans la tête sur une ville belle et sombre, décadente et somptueuse, comme un spectacle au Colisée à l’époque des empereurs, où les sénateurs renégats, les gladiateurs et les croyants assuraient le show, avant de finir bouffés par les lions.



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MessagePosté le: Jeu Mar 10, 2016 6:02 am    Sujet du message: Répondre en citant




>> La chronique de Christophe Laurent, de Corse Matin, sur The Killer inside me :

Citation:

Suburra : la chute de la pieuvre romaine


Faire de la ville balnéaire d'Ostie, à seulement trente bornes de Rome, un grand centre de loisirs, de résidences secondaires, de nautisme, avec un casino, un nouveau port.
Des millions de mètres cubes de béton, sous l'étiquette de logements sociaux, pour ce qui est ni plus ni moins que de la spéculation immobilière.
Le projet, justement baptisé Grand Projet, ou Waterfront, doit réunir les " familles " calabraises, napolitaines, les Gitans de Rome, sans oublier les Adami, d'Ostie.
A la tête de ce dossier purement mafieux, Samouraï, ancien militant d'extrême droite, au charisme absolu, froid, calculateur et secondé par des lieutenants dévoués et cruels.
Les derniers échelons de ce vaste projet de spéculation immobilière, ce sont un cardinal, puisque des églises sont comprises dans ce bord de mer et un député, chargé d'amener une révision du Plan d'Occupation des Sols au conseil municipal.
Face à ce Mal, le Bien est représenté par Marco Malatesta, lieutenant-colonel du ROS, personnage hautement romanesque.
Voilà, en quelques lignes, Suburra, le roman de Giancarlo de Cataldo, juge au tribunal de Rome et Carlo Bonini, journaliste d'investigation.


Suburra est tout sauf un livre anonyme.
Il narre, avec un luxe d'éléments fictionnels, la construction puis la chute du projet et, par association, de ce personnage incroyable, Samouraï.
Suburra, comme les oeuvres précédentes de Giancarlo de Cataldo, Romanzo Criminale (où Samouraï était Le Noir, référence à son engagement fasciste) auparavant, mais aussi La saison des massacres et le décevant Je suis le Libanais, raconte comment travaille, se structure, dans la capitale italienne une organisation mafieuse (quoi que le vocable ne s'applique peut-être pas là).
Tiré de la vraie histoire de Massimo Carminati, dit le Borgne, interpellé en 2014, avec une cinquantaine de complices, et jugé depuis novembre dans le procès dit Mafia Capitale, le roman est à la fois précis, violent et prenant.
Les rencontres entre chefs de clans, les dîners où s'organisent l'avancée du dossier sont incroyablement bien menés, assez réalistes et, surtout, très clairs, pour le lecteur non averti.
Il faut préciser que les auteurs ont eu la bonne idée de présenter la quinzaine de personnages dans une introduction, les classifiant entre L'Etat, les Bandits, les Rebelles, les Riches...
Au calme que veut faire régner Samouraï pour la bonne marche de leur entreprise, s'oppose la rue et les inimitiés entre bandes de Cinecitta et Ostie.
Tout commence avec une pute qui cane dans le lit du député...
De là, un premier larron se fait raper la tête contre un arbre puis cramer, et ce sont encore deux autres qui se font rouler dessus par un Hummer.
La violence, si elle n'est pas explosive, est de toute façon permanente dans ses pages.
Une violence continuelle, admise, dans les moeurs comme lorsque deux nervis vont briser les mains d'un ébéniste iranien, qui a eu le toupet de demander à un capo de régler la facture d'une sculpture.
Le grain de sable à l'exécution sereine du projet, c'est bien la rapacité des " petites mains " de la voyoucratie.
La base ne se maîtrise pas et attire les projecteurs de la police.
Certes, même au plus haut niveau des carabiniers, la corruption est là, mais il est impossible de fermer les yeux sur des meurtres au coeur de Rome.
Rome qui s'est toujours offusqué, avec un brin de condescendance, de la violence de Naples, des Pouilles, de la Calabre, de la Sicile.


Suburra a été publié en 2013 à partir de faits mais aussi d'informations obtenues par les deux auteurs.
Encore une fois, beaucoup d'éléments du roman sont fictionnels ou appartiennent à d'autres affaires.
Mais, par exemple, l'histoire du fameux restaurant de fruits de mer tenu par une organisation criminelle serait authentique.
Toujours est-il que le livre est sorti avant l''interpellation du Borgne et ses avocats ont ainsi dénoncé une Justice agissant sur les ragots d'un livre.
Autre précision importante, l'action de Suburra se déroule à la fin de l'ère Berlusconi, alors que son autorité vacille, que l'économie italienne est au plus bas.
Un contexte qui n'est, lui aussi, pas anodin pour apprécier la valeur de ce roman que l'on aurait pu juger remarquable sans des personnages féminins un peu stéréotypées : entre Alice, la gauchiste, lanceuse d'alertes et Alba, la fliquette bombasse, il y a Farideh qui tombe amoureuse du type qui a tabassé son père...
C'est un poil too much.
La fin aussi peut paraître exagérée mais elle respecte en fait les codes de ce western moderne.


A signaler enfin la très bonne traduction de Serge Quadrupanni, dont on avait, entre autres, apprécié le travail sur L'Offense, superbe roman de Francesco di Filippo en langue napolitaine.
Seul hic ici : la présence de " fan de chichourle " comme expression méridionale !
C'est du folklore et, dans la vraie vie, ça ne s'entend jamais.
Réserve aussi sur la carte du resto quand les auteurs parlent de " hors d'oeuvre, premier service, deuxième service, dessert ".
Si c'est primi piati et secondi piati, pourquoi ne pas en rester à premier plat et second plat ?


Mais cela importe finalement peu dans la qualité littéraire et testimoniale de ce roman, qui est un des rares à entrer aussi finement dans les arcanes d'un projet mafieux.
Une suite est déjà annoncée, prouvant que gouvernement de droite ou de gauche, le milieu criminel sait parfaitement s'adapter.



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