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Rigante de David Gemmell

 
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titepomme
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L'Empire des Loups

MessagePosté le: Mer Mai 06, 2009 2:13 pm    Sujet du message: Rigante de David Gemmell Répondre en citant



1 L'EPEE DE L'ORAGE :
Au cœur de montagnes verdoyantes se trouve le petit village rigante de Trois-Ruisseaux, dont les habitants vénèrent les dieux de l’air et de l’eau, et les esprits de la terre. Parmi eux vit un enfant marqué au sceau du destin. Né au cours de l’orage qui condamna son père, il se nomme Connavar.
Bientôt, les récits de son courage se répandront comme un feu de prairie. De l’enfant qui a combattu l’ours, il deviendra l’homme qui a tué le roi ! Il a juré de protéger son peuple et rien ni personne ne pourra se mettre en travers de son chemin. Or, une prophétie a prédit qu’une armée sans pitié traverserait un jour la mer et, telle une avalanche, détruirait tout sur son passage.
Sur cet échiquier, toutes les forces en présence vont jouer leur main : du général Fantôme à la Morrigu, créature maléfique qui hante les bois depuis la nuit des temps, en passant par Jasaray, l’Érudit de Roc, et son armée invincible.
C’est compter sans Connavar, qui s’embarque pour une quête qui le mènera au cœur de l’ennemi. Mais en chemin, il recevra un don : une épée magique. Ainsi obtient-il un nom qui frappera de terreur le cœur de ses amis comme de ses adversaires. Un nom proclamant une destinée glorieuse et après-midière : Démone-Lame.

L'Epée de l'Orage, (extrait)
David Gemmell
Prologue
La dernière fois que je l’ai vu, j’étais encore un enfant ; garçon maigre aux cheveux blonds qui vivait dans les Highlands. C’était l’après-midi de mon onzième anniversaire. Ma sœur était morte en couches la veille, le bébé avec elle. Mon père, déjà veuf, restait inconsolable, aussi quittai-je la ferme de bonne heure pour le laisser à son chagrin. J’étais triste également, mais comme c’est souvent le cas avec les enfants, je préférais m’apitoyer sur mon sort. En mourant, Ara avait gâché mon anniversaire. Rien qu’à l’évoquer aujourd’hui, j’en frémis encore de honte.
Je m’étais promené dans les bois la majeure partie de la matinée, pour jouer à la guerre. J’étais un héros qui pourchassait ses ennemis. J’étais le plus dangereux épéiste au monde : le roi Démone-Lame.
Je l’avais rencontré une fois auparavant, lorsqu’il était entré à cheval avec plusieurs de ses compagnons dans notre ferme isolée. Ils ne faisaient que passer, mais mon père leur avait offert de l’eau et un peu de pain. Le roi avait mis pied à terre pour venir remercier père ; ils avaient parlé de la sécheresse de l’été et des problèmes qui en découlaient. Je crois que je devais avoir dans les cinq ans ; tout ce dont je me souviens, c’est qu’il était très grand et que ses yeux étaient bizarres : l’un était marron fauve, l’autre vert, comme un joyau. Mon père lui avait raconté que notre unique taureau était mort, frappé par la foudre. Trois jours plus tard, un cavalier était venu avec un magnifique taureau à longues cornes, et nous l’avait offert. Après cela, mon père était devenu un fidèle du roi.
J’avais juste onze ans lorsque je l’ai revu. Fatigué de jouer tout seul, j’étais parti chez mon cousin dans la vallée du Rift à quelque cinq kilomètres de la maison. Il m’avait donné à manger et je l’avais aidé à couper du bois. Je faisais rouler les bûches jusqu’à lui et les plaçais sur la souche. D’un coup de hache, il les fendait en deux. Après avoir fini de le couper, nous avions rangé le bois en piles derrière le mur nord de la maison.
Comme j’étais fatigué, j’aurais bien voulu dormir là, mais je savais que père serait inquiet. Aussi, une heure avant la tombée de la nuit, je pris le chemin de la maison, à travers les collines de Balg jusque dans les bois. Mon trajet me fit passer près du vieux cercle de pierres. Père m’avait raconté que des géants l’avaient bâti dans un âge défunt, mais ma tante, elle, pensait que c’étaient en fait des géants transformés en pierre par une malédiction de Taranis. Je ne sais pas laquelle des deux histoires est vraie, mais le cercle est un lieu merveilleux. Dix-huit énormes pierres dressées, mesurant chacune plus de six mètres de haut, en roche dure et dorée, et qui donc ne ressemblent en rien au granit grisâtre qu’on trouve dans les montagnes Druagh.
Je n’avais pas vraiment l’intention de me rendre dans le cercle, car ce n’était pas exactement mon chemin. Mais, alors que j’avançais au milieu des arbres, je vis une meute de loups. Je m’arrêtai pour ramasser une pierre. Les loups attaquent rarement les hommes. Ils préfèrent nous éviter. Je les comprends. Nous les chassons pour les tuer dès que nous en avons l’occasion. Le chef de la meute se tenait immobile et me fixait de ses grands yeux dorés. Un frisson me parcourut et j’eus la certitude que ce loup n’avait pas peur.
L’espace d’un instant, je lui renvoyai son regard. C’est alors qu’il s’élança comme une flèche. Je laissai tomber ma pierre et, faisant demi-tour, m’enfuis à toutes jambes. Je savais qu’ils étaient à mes trousses, aussi courais-je le plus vite possible, sautant par-dessus des troncs d’arbres, et me frayant un passage à travers les fougères. Sous le coup de la panique, je fuyais sans savoir où j’allais. J’arrivai à la limite supérieure des bois, à quelques mètres à peine du cercle de pierres. Continuer signifiait ma mort. Cette prise de conscience soudaine me permit de maîtriser ma peur, et mon esprit commença à voir plus clair.
Il y avait une branche basse devant moi. D’un bond, je l’attrapai et me hissai dessus. Le chef de la meute était juste derrière moi. Lui aussi bondit, et ses dents se refermèrent sur ma chaussure, l’arrachant de mon pied. Je grimpai un peu plus haut et les loups s’installèrent en silence au pied de l’arbre.
À présent en sécurité, je laissai la colère l’emporter. Contre moi-même et contre les loups. Je cassai une branche sèche et la lançai sur la meute. Ils s’écartèrent et se mirent à tourner autour de l’arbre.
C’est à ce moment-là que j’entendis des cavaliers. Les loups se dispersèrent et décampèrent dans les bois. J’étais sur le point d’appeler les nouveaux venus quand quelque chose m’arrêta. Je ne peux dire quoi. Je ne crois que pas que c’était de la peur, mais une sorte de sentiment de danger imminent. Quoi qu’il en soit, je m’allongeai sur l’épaisse branche afin de voir les cavaliers pénétrer dans le cercle de pierres. Ils étaient neuf. Tous portaient dagues et épées. Leurs habits étaient de bonne qualité, et leurs chevaux très grands, comme ceux que chevauchaient les Loups de fer du roi. Ils mirent pied à terre et sortirent du cercle pour aller attacher leurs montures non loin.
— Tu penses qu’il va venir ? s’enquit l’un d’entre eux.
Je le revois comme si c’était hier : grand, large d’épaules, les cheveux blonds nattés sous un heaume de fer bruni.
— Il va venir, répondit un autre. Il souhaite la paix.
Ils rejoignirent leurs camarades qui s’étaient assis à l’intérieur du cercle. N’ayant pas encore décidé de révéler ma présence, je restai silencieusement allongé. Ils parlaient à voix basse et je n’arrivais à discerner clairement que quelques mots.
Le soleil descendait et je me décidai à affronter les loups pour rentrer chez moi. C’est alors que j’aperçus le cavalier sur l’étalon blanc. Je le reconnus aussitôt.
C’était Démone-Lame, le roi.
Je ne peux pas vous dire à quel point j’étais excité. Même à l’époque il était déjà presque un mythe. Sa barbe rougeoyait comme de l’or dans le soleil couchant. Il portait un heaume d’argent étincelant à ailettes, un plastron embossé d’un faon pris dans des ronces, blason de sa maison, et sa fameuse cape en patchwork. Ceinte à sa taille se trouvait la légendaire épée Seidh avec sa poignée en or. Il entra dans le cercle et arrêta son étalon. Puis il contempla les hommes réunis. J’avais l’impression qu’ils étaient tendus, presque effrayés par sa simple présence. Comme il descendait de selle, les hommes se levèrent.
Je voulais descendre pour m’approcher de cette légende vivante, quand il dégaina son épée et la planta dans la terre devant lui. L’homme aux cheveux blonds nattés fut le premier à parler.
— Joins-toi à nous, Connavar. Parlons d’un nouveau traité de paix.
Démone-Lame resta silencieux un instant, ses grandes mains posées sur le pommeau de son épée, sa cape en patchwork virevoltant dans la brise.
— Vous ne m’avez pas fait venir ici pour parler, dit-il d’une voix forte et profonde. Vous m’avez fait venir pour que je meure. Alors, venez, traîtres. Je suis là. Et je suis seul.
Lentement, ils dégainèrent leurs épées. Je pouvais sentir leur peur.
Puis, alors que le soleil tombait dans une gerbe de feu pourpre, ils passèrent à l’attaque.

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MessagePosté le: Mer Mai 06, 2009 2:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant


2 LE FAUCON DE MINUIT :
« Dis-lui qu’un jour je lui arracherai le cœur. »
C’est le serment d’un hors-la-loi de dix-sept ans nommé Bane. Né de la trahison, son nom est une malédiction parmi les guerriers rigantes. Ceux-ci admirent ses talents de combattant, mais craignent la violence de son cœur. Car il a juré de tuer ce père qui n’a pas voulu le reconnaître…
Mais son désir de vengeance le conduit loin de ses montagnes natales, vers la grande cité de Roc. Symbole d’éternité et de sainteté, elle cache pourtant la corruption derrière les murs de ses palais flamboyants. Les Prêtres Pourpres y font régner la terreur, persécutant et exécutant les adeptes du Culte de l’Arbre, qui pratique une philosophie d’amour et d’harmonie, guidés par la mystérieuse Dame au Voile.
Le chagrin et la mort d’un être aimé conduiront Bane dans l’arène, il y apprendra le métier de gladiateur afin de devenir le meilleur guerrier de tous les temps. Lorsque son passé le rattrapera, il deviendra le seul espoir d’un peuple condamné et s’opposera à la destruction de tout ce qui lui importe encore. Mais pouvait-on attendre autre chose du fils de Connavar, le légendaire Démone-Lame ?

Le Faucon de Minuit, (extrait)
David Gemmell
Parax le Chasseur avait toujours méprisé l’orgueil chez les autres. Il savait pourtant à quel point l’orgueil pouvait s’emparer subrepticement d’un homme. Cette pensée était aussi glaciale et mordante que le vent qui soufflait sur les cimes enneigées des montagnes de Druagh. Parax sortit un chapeau de laine de sa sacoche et recouvrit ses fins cheveux blancs. Il posa son vieux regard sur le splendide Caer Druagh, la plus ancienne des montagnes, mais n’arriva pas à en distinguer précisément les contours ni les lointains bois de pins. Aujourd’hui, tout ce qu’il était capable de voir, c’était la blancheur brumeuse des pics qui ressortaient sur le ciel bleu et froid.
Son poney trébucha de fatigue et le vieil homme dut s’agripper au pommeau de la selle. Il caressa le cou de l’animal et tira doucement sur les rênes. La bête avait dix-huit ans. Elle avait toujours été forte et dévouée – une monture en laquelle on pouvait avoir confiance. Mais plus maintenant. Comme Parax, elle trouvait que c’était une traque de trop.
Le vieil homme soupira. À trente ans il avait été au faîte de sa gloire, l’un des plus célèbres chasseurs de tous les pays keltoïs. Mais cela n’avait pas fait de lui un vantard, car il savait qu’il avait juste la chance d’avoir une bonne vue et de disposer d’intuition. Son père, lui aussi un grand traqueur et un célèbre chasseur, lui avait tout appris. À cinq ans, le jeune Parax pouvait identifier plus de trente animaux différents rien qu’à leurs empreintes :
la loutre sauteuse, le blaireau baladeur, le rusé renard, et bien d’autres encore. Son talent en était presque mystique. Les hommes disaient de lui qu’il pouvait lire la vie de quelqu’un dans les brins d’herbe foulés par le talon de sa botte. Évidemment, ce n’étaient que des sornettes, mais lorsqu’il avait entendu cette légende pour la première fois, Parax avait souri, sans reconnaître la naissance d’une once d’orgueil dans ce sourire. En revanche, il était vrai qu’il devinait beaucoup de l’homme qu’il suivait à ses empreintes , les endroits où il montait son campement et plaçait son feu révélaient son degré d’entendement de la nature, la fréquence de repos de sa monture, sa vitesse de déplacement, la patience dont il faisait preuve avec ses poursuivants. Toutes ces choses étaient révélatrices du caractère d’un homme, et une fois que Parax avait compris comment fonctionnait sa proie, il la trouvait toujours, quelle que soit son habileté à dissimuler ses traces.
À trente-cinq ans, la renommée de Parax était devenue telle, que le roi des Perdiis, Alea, l’avait recruté pour sa maison. Et même là, il n’avait pas laissé la fierté prendre le pas sur sa personnalité. À cinquante ans, alors au service du roi Connavar, il s’était autorisé ce qu’il appelait une satisfaction paisible devant le chemin parcouru. Bien que ses yeux ne fussent plus aussi perçants qu’avant, sa lecture des empreintes semblait presque magique à quiconque l’observait. Et, à soixante ans, il pouvait encore suivre une piste aussi bien que n’importe qui, car il avait alors une vie d’expérience derrière lui, ce qui lui donnait un certain avantage sur les plus jeunes. Du moins c’est ce qu’il avait cru, et avec cette certitude, l’orgueil avait poussé telle une mauvaise herbe dans son cœur sans qu’il le remarque. Aujourd’hui, à soixante-dix ans passés, il avait admis depuis quelques années déjà qu’il n’était plus le mâle dominant. Même plus compétent du tout. Et le savoir faisait mal au vieil homme. Mais pas autant que la fierté qui l’avait empêché de dire la vérité à l’homme qu’il aimait par-dessus tout, le roi.
Parax avait servi Connavar pendant près de vingt ans – depuis l’époque où le jeune guerrier l’avait sauvé des colonnes d’esclaves de Roc
et l’avait amené au pied des montagnes majestueuses de Druagh. Il avait chevauché à ses côtés lorsque le jeune homme était devenu laird, puis chef de guerre, et finalement premier Grand Roi depuis des siècles. Il avait été avec lui lors de cette journée sanglante dans la plaine de Cogden, lorsque l’invincible armée de Roc avait été écrasée par la puissance des Loups de fer de Connavar. Rien que d’y penser il en frissonna. Le roi Connavar avait fait confiance à Parax – et voilà que l’âge et l’infirmité grandissante avaient contraint le vieil homme à trahir cette confiance.
— Trouve le jeune Bane, lui avait ordonné le roi, avant que les chasseurs ne le tuent – ou qu’il les tue.
Parax avait regardé au plus profond des yeux aux couleurs étranges du roi, l’un vert, l’autre fauve-doré, dans l’espoir de lui avouer la vérité et de lui dire simplement : « J’ai perdu mon talent, mon ami. Je ne peux pas t’aider. »
Mais en vain. Les mots étaient restés coincés dans sa gorge, agrippés par les serres de la vanité. Il était l’un des plus fidèles conseillers du roi. Il était Parax – le plus grand chasseur du monde connu, une légende vivante. Dès qu’il avouerait à voix haute la vérité, il deviendrait un simple vieillard inutile, qu’on rejetterait et oublierait rapidement. Il s’était donc contenté d’acquiescer d’une révérence maladroite et s’en était allé de Vieux-Chênes au galop, l’esprit tourmenté, en proie à la panique. Ses yeux affaiblis ne pouvaient plus lire les signes, et il avait dû suivre le groupe de chasseurs plusieurs jours dans l’espoir qu’ils le conduiraient au jeune hors-la-loi.
Puis, ce fut l’ignominie ultime. Il avait perdu la trace du groupe de chasseurs. Vingt cavaliers !
Parax en avait pleuré des larmes d’amertume. Autrefois il aurait pu traquer un moineau en plein ciel, et voilà qu’il était incapable de trouver le crottin de vingt chevaux. Il se trouvait à près de deux kilomètres derrière eux lorsqu’il s’était endormi sur sa selle. Son poney peinturluré, fatigué et assoiffé, avait senti l’eau non loin et avait quitté la piste pour aller vers l’est. Parax s’était réveillé en sursaut alors que l’animal gravissait une colline
boisée. Le vieil homme en était presque tombé de selle. De gros nuages obscurcissaient le ciel et il n’avait pas la moindre idée de l’endroit où il se trouvait. Le poney l’avait mené jusqu’à un cours d’eau bouillonnant et Parax avait mis pied à terre. Son dos lui faisait mal et sa bouche était sèche. Il s’était agenouillé pour prendre de l’eau dans ses mains et avait bu.
— Te voilà plus utile que moi, avait-il dit à voix haute. (Le poney avait henni et frappé le sol du pied.) Tu sais l’âge que j’ai ? demanda-t-il à sa monture. Soixante-douze ans. Autrefois, j’ai traqué un voleur durant trois semaines sans m’arrêter. Je l’ai attrapé sur les hauts plateaux, dans les Rocheuses. Le roi m’a payé vingt pièces d’argent et m’a nommé Prince des traqueurs.
Il retira son vieux chapeau de laine et s’aspergea le visage et la barbe. Il avait faim. Il avait emballé des tranches de lard dans de la mousseline, ainsi que du pain et une petite tome de fromage , le tout se trouvait dans son barda. Il pensa tout sortir et préparer un feu, mais au même moment le chaud soleil de l’après-midi perça entre les nuages et il s’assoupit, la tête appuyée contre un rocher rond.
Il rêva à des jours meilleurs, avant que ses yeux ne le trahissent, des jours de rire et de joie, après que le jeune roi eut chassé les soldats de Roc des territoires du nord. De rire et de joie – sauf pour le roi. Le Roi Démon : voilà comment ils l’appelaient, à cause de sa férocité et parce que les hommes se souvenaient de la terrible vengeance qu’il avait mise en œuvre pour le meurtre de sa femme. À l’époque où Connavar n’était qu’un simple laird rigante, il avait massacré à lui seul le village du meurtrier, le réduisant en cendres et tuant hommes, femmes et enfants. Depuis ce jour-là, Parax ne l’avait plus jamais entendu rire, et n’avait plus, non plus, vu de la joie dans ses yeux.


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**Génial ! On en redemande toujours + !!!
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MessagePosté le: Mer Mai 06, 2009 2:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant


3 LE COEUR DE CORBEAU :
Huit cents ans ont passé depuis que le roi Connavar des Rigante et son fils bâtard, Bane, ont défait l’armée de la Cité de Roc. A présent les Rigante ont perdu leur liberté et leur culture, face à l’envahisseur varlish, pour lesquelles tant des leurs avaient sacrifié leur vie. Ils vivent dans la crainte, en peuple conquis.
Il ne subsiste qu’une femme qui suit les anciennes voies de la tradition, l’Etrange du Bois de l’Arbre à souhaits, et elle seule connaît la nature du mal qui sera bientôt libéré. Pourtant, selon elle l’espoir repose sur deux hommes : un guerrier aux allures de géant, descendant des Rigante, hanté par son échec à sauver son meilleur ami de la trahison ; et un jeune dont les talents meurtriers lui vaudront la rancune des brutaux Varlish. L’un des deux deviendra le Cœur de Corbeau, un chef hors-la-loi dont les exploits inspireront les Rigante. L’autre devra forger une légende… et allumer les feux de la révolution !

Le Coeur de Corbeau, (extrait)
David Gemmell
Le soleil allait se coucher. Lanovar était adossé à la roche, inondé par les derniers rayons de l’astre. Il y avait peu de chaleur dans le soleil d’hiver, mais suffisamment de luminosité pour qu’il la sente à travers ses paupières closes. Lanovar soupira et ouvrit les yeux. Jaim Grymauch, à l’imposante silhouette, se trouvait à côté de lui et le regardait.
— Laisse-moi te porter jusqu’à l’Étrange, Lan, lui dit-il. Elle te jettera un ancien sortilège pour te guérir.
— Pas tout de suite, mon ami. J’ai besoin de me reposer un peu afin de reprendre des forces.
Grymauch poussa un juron et lui tourna le dos. Il défit l’attache du baudrier au niveau de son épaule et dégagea l’énorme épée large qui pendait dans son dos. La poignée noire faisait près de trente centimètres de long et se terminait par un pommeau sphérique en fer. Les quillons incurvés étaient d’une superbe facture et représentaient les ailes déployées d’un faucon de chasse. Grymauch dégaina la lame d’un mètre et l’examina dans la lumière mourante. Il restait des traces de sang qu’il s’employa à nettoyer avec sa houppelande noire. Derrière lui, Lanovar souleva le morceau de tissu gorgé de sang qu’il maintenait contre sa blessure au flanc. Le saignement s’était ralenti et la douleur avait presque entièrement disparu. Il leva les yeux vers Grymauch.
— Cette monstruosité devrait se trouver au musée de Druagh. C’est un anachronisme.
— Je ne sais pas ce que ça veut dire, grommela Grymauch.
— Cela veut dire qu’elle n’a plus sa place aujourd’hui, mon ami. Cette lame a été forgée pour éventrer les armures de plates. Plus personne n’en porte à présent.
Grymauch soupira. Il rangea sa lame dans son fourreau et vint s’asseoir à côté de son camarade.
— Plus sa place, hein ? fit-il. Un peu comme nous, alors, Lan. Nous aurions dû naître à l’époque des vrais rois des Highlands.
Du sang s’écoulait lentement du pansement qui obstruait l’autre blessure de Lanovar au bas du dos. Une grosse tache noire s’était formée sur le tissu hors la loi vert et bleu du manteau des Rigantes.
— Il va falloir faire un nouveau pansement, déclara Grymauch.
Lanovar se laissa faire sans rien dire lorsque le grand gaillard le tira en avant et ne sentit rien lorsqu’il lui appliqua une nouvelle compresse. L’espace d’un instant, l’esprit de Lanovar vagabonda.
Il revit la pierre dressée et le grand homme entièrement vêtu de noir qui l’attendait là. Tout regret était inutile à présent, mais il aurait dû se fier à son instinct. Au plus profond de lui il avait su qu’il ne devait pas faire confiance au Moïdart. Lorsque leurs regards s’étaient croisés, il avait lu aussitôt de la haine dans les yeux sombres de l’homme. Mais il y avait tant à gagner que peu importaient les risques ; ainsi aveuglé Lanovar n’avait pu voir la vérité.
Le Moïdart lui avait promis de mettre un terme à ces années turbulentes : finis les flots de sang inutiles, finies les querelles insensées, finis les meurtres de soldats ou de Rigantes. Cette nuit-là, près de l’ancienne pierre, lui et le Moïdart allaient se serrer la main afin de mettre un terme à la sauvagerie. En gage de bonne foi, le Moïdart avait accepté de déposer une pétition auprès du roi afin que le clan rigante retrouve son honneur perdu.
Corbeau, le chien de guerre brun de Lanovar, s’était mis subitement à gronder lorsqu’ils étaient entrés dans la clairière.
— Tais-toi, mon garçon, lui avait soufflé Lanovar. Nous allons mettre un terme à la guerre – pas en déclencher une nouvelle. (Il s’était approché du Moïdart et lui avait tendu la main.) Je suis heureux que nous puissions nous rencontrer ainsi, lui avait-il dit. Cette querelle a saigné les Highlands à blanc bien trop longtemps.
— Oui-da, elle prend fin ce soir, avait convenu le Moïdart en se reculant d’un pas dans l’ombre de la pierre.
Le temps d’un battement de cœur, Lanovar était resté immobile, la main tendue. Puis, il avait entendu du bruit dans les sous-bois sur sa gauche et sur sa droite, et avait vu des hommes sortir de leurs cachettes. Six soldats armés de mousquets étaient venus encercler le chef Rigante. D’autres encore avaient pénétré dans la clairière, sabre au clair. Corbeau avait bandé ses muscles, prêt à charger, mais Lanovar l’en avait empêché d’un ordre sec. Le chef rigante était resté immobile. Comme convenu, il était venu sans arme à cette rencontre.
Il avait jeté un coup d’œil au Moïdart. Le noble souriait, mais aucun humour ne se reflétait dans ses yeux sombres, sous sa capuche noire. Seulement de la haine, profonde et insatiable.
— Alors votre parole ne vaut rien, avait doucement déclaré Lanovar. Vous m’aviez promis un sauf-conduit.
— Mais tu vas l’avoir, racaille rigante, avait rétorqué le Moïdart. Un sauf-conduit jusqu’à mon château. Un sauf-conduit jusqu’à la plus profonde de ses oubliettes. Un sauf-conduit pour chaque marche qui te mènera à la potence.


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**J'en suis au tiers du 3ème tome, mais je sais que c'est une trilogie qui ne me décevra pas. Une grande saga fantastique ! A lire absolument !!!
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MessagePosté le: Mer Mai 06, 2009 2:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant


RIGANTE : 4 LE CAVALIER DE L'ORAGE :
Les Rigantes sont un peuple conquis. Le terrible Moïdart règne d’une main de fer sur le pays ; il n’y a que dans les territoires du nord que les clans profitent encore d’un semblant de liberté. Car dans les montagnes de Druagh se trouve la forteresse du chef rebelle, Cœur de Corbeau. Jour après jour, celui-ci attend que l’armée varlishe, sous la férule du Cavalier de l’Orage, le propre fils du Moïdart, vienne l’attaquer. L’issue semble inévitable…
Or, ni le Cœur de Corbeau ni le Cavalier de l’Orage ne se doutent que la sauvegarde du monde repose en fait entre leurs mains. Mais si les deux hommes sont destinés à devenir des héros, l’un des deux est malheureusement condamné. Car un secret perdu dans la nuit des temps est revenu hanter ces deux guerriers : ils doivent affronter la vengeance d’un mal ancestral, assoiffé de sang…

Pour lire un extrait, c'est *ICI*

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**Une fin pour la saga RIGANTE. J'étais impatiente de lire ce livre pour savoir si la prophétie du 3 allait se réaliser ! Au final, ce livre m'a un peu moins plu que les 1 et 3, mais j'ai bien aimé quand même.
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