Posté le: Mar Mai 19, 2009 3:06 pm Sujet du message:
Jouissif, de retrouver de magnifiques personnages dans un thriller de maxime Chattam !
Au delà du fait, qu'il s'agit des personnages liés à la trilogie du mal, bien sûr...la façon dont il campe le portrait de Brady dans le premier chapitre est ...proche de la perfection.
Ce que je retiendrais de tous ces personnages, c'est leur profonde humanité, leur profonde crédibilité. Même de personnages secondaires voire très secondaires. Parfois brossés d'un seul trait. Avec cette pureté, cette simplicité et cette force, cette vie qu'ont certaines calligraphies japonaises. Comme cette jeune femme taupe. En une page et demie, il crée un personnage bouleversant, en en captant l'essentiel, ses failles.....alors que l'année dernière en 400 pages, il créait du vent.
Spoiler:
Là où dans son dernier livre, la théorie Gaïa, le personnage principal, Emma était un personnage vide, incrédible et inhumain car ....femme sans aucune imperfection (scientifique reconnue, sexy, bonne mère, fantastique épouse, sauveuse d'enfants entre midi et 2 alors même qu'elle est poursuivie par le mal incarné, héroïque et rentrant chez elle après avoir vécu l'horreur absolue... comme si de rien n'était....et...pim pam poum en pleine forme, la nana...chéri, laisse moi juste deux secondes, le temps de détraumatiser les enfants, préparer les raviolis, finaliser une des meilleures théories scientifiques, et hop, j'arrive pour te réapprendre ce que c'est que faire l'amour....parce que de toute façon le ménage est déjà fait...ticiticitic elle a certainement du bouger son nez comme dans ma « Sorcière Bien aimée »)
Dans ce simple aveu de détresse affective, « prenez-moi dans vos bras », dans cette détresse matérielle lorsqu'elle lui demande ce qui est si inaccessible pour elle et si...dérisoire pour lui....là réside l'humanité, là réside la véracité du personnage. Et toutes ces failles sont équilibrées par une force : la loyauté, alors qu'il serait si facile pour elle de ne pas l'être.
Ce personnage qui sort de l'histoire aussi vite qu'il apparaît, nous touche pourtant véritablement. Ce qui rend un personnage ou un être attachant, ce sont ses qualités mais surtout ses limites, ses faiblesses. C'est d'ailleurs ça qui rendait les personnages de la trilogie si exceptionnels. Leurs doutes, leurs peurs, leur solitude et un courage certain pourtant....Et Maxime Chattam reprend enfin conscience que des personnages trouvent leur crédibilité dans ce qui fait l'humanité : des forces, mais surtout des failles.
Jouissif de voir maxime chattam revenir vers un thème à risque, qu'il écrit avec ses tripes plus qu'avec son portefeuille....Il en fait un livre fort, intense.
Bel équilibre entre son style « page turner », qui nous pousse à tourner les pages et cette intensité qui parfois nous oblige à prendre notre respiration. Un livre fort, intense mais avec tellement moins de « tartinage de gore »... Que du bonheur pour moi !
Jouissif de le voir qui ne surfe pas sur l'un des thèmes les plus à la mode de la société tout en l'abordant avec la tiédeur présente dans la théorie Gaïa.
Là il aborde le plus vieux sujet du monde, le plus dangereux aussi car c'est la racine même de notre espèce : le sexe. Et il faut reconnaître qu'il s'en sort bien.
Jouissif de le voir aborder enfin complètement, de réellement centrer son livre sur le thème qui était le plus nécessaire à l'avancée de la réflexion qu'il a déjà développé dans plusieurs livres. Cette dichotomie qu'ont créées nos sociétés entre notre humanité et notre animalité. Et sur ce retour obligé de la nature. L'effet boomerang. C'était d'ailleurs le thème d'In Tenebris, à travers le prisme de la société de consommation. Donc un thème abordé sous un angle différent mais une juste continuité de la réflexion d'In Tenebris.
Spoiler:
Aujourd'hui, dans une société où l'on demande aux femmes d'être des hommes et vice versa, nous allons contre des siècles d'évolution. Cela ne peut que créér des déséquilibres dangereux, cela ne peut créer que de nouvelles formes de dégénérescence. Depuis des millénaires, dans toutes les cultures, sur tous les continents, la femme n'a jamais été l'égale de l'homme mais sa juste complémentarité. (surtout ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit...étant une femme de 32 ans, du XX1eme siècle, je ne peux qu'être pour la reconnaissance de la valeur des femmes, de leurs capacités à endosser avec le même talent qu'un homme certaines responsabilités)
Mais, nous allons contre les racines même de notre espèce et cela aboutit à l'émergence de nouvelles formes de dégénérescence. Celle de la Tribu par exemple. Le retour d'une forme de domination sauvage des hommes sur les femmes. Mais d'autres également.
Et je regrette une chose.
Tous les excès issus de nos sociétés ne font pas que l'être humain retourne vers une juste part d'animalité en lui mais qu'il prend une voie bien pire. Certains êtres humains n'ont plus la noblesse et la dignité de l'animal. C'est ce qu'il dit en parlant de la tribu « aucune bête terrestre n'est aussi vicieuse ». Mais c'est tellement dommage qu'il ne le souligne pas davantage. Il utilise à chaque fois le terme d'animaux en parlant de la tribu. (quoiqu'il prend l'image d'un autre type de créature...celle du vampire)
L'animal est instinct, il n'est pas violence gratuite, ni perversions immondes. La meute est esprit d'équipe et de protection pas horde de destruction. L'animal tue par instinct. Se nourrir, se protéger ou protéger l'un des siens. L'homme est pire, mille fois pire qu'un animal. L'humanité ne se résume pourtant pas à cela. Heureusement.
Le seul retour possible à un juste équilibre entre humanité et animalité, l'équilibre nécessaire, est le chemin de l'instinct, de l'intuition. Savoir reconnaître viscéralement ce dont on a besoin et ce qui peut constituer un danger et ce qui ne nous avance à rien.
Jouissif en tout cas de le voir retrouver l'équilibre entre le déroulement de son intrigue et celui de sa réflexion. Cela m'a tellement, tellement manqué ! C'est tellement, tellement ce que j'ai toujours profondément aimé dans son écriture. Il n'y a plus le triste déséquilibre de Prédateurs où l'action se déroulait et où la véritable réflexion du livre (pourtant passionnante) n'arrivait qu'en bloc à la fin du livre avec cette lourdeur qui lui a été reprochée à juste titre. Cette réflexion n'est pas non plus bâclée comme dans la théorie Gaïa, où la lourdeur des ficelles de l'action réussissait à tuer ce qui en restait.
Jouissif de le voir... enfin...suggérer certaines choses dans son histoire. Jouissif de le voir enfin faire appel, par moments, à l'imagination de son lecteur. Ce style descriptif, très visuel qui fait le talent de Maxime Chattam....eh bien, par ces cassures de rythme qu'il ajoute en ayant une utilisation des phrases nominales dans certains passages... eh bien....il lui rend, par là-même, toute sa force.
Jouissif de le voir retrouver une certaine dose d'originalité. Une intrigue simple mais bien menée.
Spoiler:
Un thriller débutant sur un suicide et non pas par l'habituel meurtre gore par exemple, une même enquête mené par un couple...mais si loin de former une équipe...Plein d'autres détails.
Finalement, ce qui rend la fin aussi magnifique que noire, c'est la faille de son livre...et le côté ...émouvant... de cette faille.
Il ne voit les femmes que sous l'angle de leur humanité. Des femmes pures et uniquement cérébrales. Une femme est pareille qu'un homme : un pur produit, garanti 100 % issu de l'époque préhistorique. Et ça, on ne le voit pas du tout dans ce livre. Pourtant, aucune femme n'échappe au besoin de jouissance, à cet instinct aussi primal, aussi vital qu'est le sexe. C'est la racine, le sens d'une espèce. Et cela...même quand elle a été blessée dans son intégrité physique. Mais, avec toutes ces femmes « pures », victimes ou sans ambivalence comme Annabel, ces questions restées en suspens sur Rubis, l'absence de femmes parmi la tribu, finalement, son thème n'est pas abordé dans son intégralité. Il manque l'animalité, les complexités, les ambivalences des personnages féminins...qui existent !
Mais finalement, c'est tellement ...émouvant...de lire un homme qui semble reconnaître que la complexité d'une femme et de sa sexualité est susceptible de lui échapper et qui a l'air de ne pas vouloir trop se lancer là-dedans. Il s'y serait cassé les dents...C'est une sage décision.
Et, cela donne toute sa justesse à la fin. Sa noirceur, sa beauté, sa crédibilité.
Spoiler:
Le face à face de deux hommes dans leur amour de la même femme et dans les erreurs qu'ils commettent chacun dans leur compréhension de celle-ci.
L'un qui croit tout savoir, qui croit surtout être en mesure de savoir mieux qu'Annabel ce dont elle a besoin. Et qui prive deux personnes l'une de l'autre en leur imposant sa fausse certitude.
L'autre qui s'ouvre à la mauvaise personne, plutôt qu'à la bonne, malgré le besoin vital qu'il aurait de le faire....et qu'elle aurait qu'il le fasse..., malgré le fait que son bonheur réside précisément dans cette ouverture, dans cette confiance en la réaction d'Annabel face à son mensonge, dans cette confiance en la force de l'amour qu'elle éprouve pour lui. Et elle l'éprouve puisqu'elle dit à Jack qu'elle serait prête à tous les sacrifices si elle se sentait sur le point de le perdre.
D'ailleurs, le jour où maxime chattam réussira à saisir ce que recouvre véritablement le terme « amour » dans ses mots, le jour où il cessera de le parceller comme il le fait dans chaque livre et où il saura le saisir dans toute sa puissance et toute sa globalité, tout en l'intègrant dans une histoire noire, il fera certainement un de ses meilleurs bouquins. Et la lumière fait ressortir l'ombre comme l'ombre fait ressortir la lumière. Pour l'instant, la lumière reste....trop peu lumineuse.
S'il avait réussi à faire cela à travers le personnage d'Annabel, la fin n'en aurait été que plus poignante.
Reste le fait que, pour moi, il s'agit du meilleur thriller qu'il ait écrit depuis la Trilogie.
Posté le: Mar Mai 19, 2009 11:41 pm Sujet du message:
je viens de découvrir qu'il y avait un nouveau chattam, mais ou avais je la tete!!!!!!!??????
je fonce!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
(avant de lire tous vos posts et avis!) _________________ Tee-shirts uniques et excellents!!!!
Posté le: Jeu Mai 21, 2009 7:14 pm Sujet du message:
Bria et Caro parlent d'un roman plus mature, cette dernière évoquant même ce qui parait être le fil rouge du roman : la sexualité. Je m'interroge donc : pourquoi cela ne semble pas avoir été évoqué dans les critiques précédentes ? Ce n'est pas si évoquant / éloquant que ça dans le roman ou alors les lecteurs préfèrent-ils se focaliser sur le côté thriller en risquant de survoler un élément essentiel du livre ? Est-ce tabou ?
Je ne devrais pas tarder à recevoir mon épreuve, vivement vivement vivement ! _________________ Frédéric Fontès, News & Chroniques sur www.4decouv.com et C'est Culturellement Dingue sur TikTok
Age: 43 Inscrit le: 28 Oct 2002 Messages: 9309 Localisation: Région Parisienne
Posté le: Jeu Mai 21, 2009 8:10 pm Sujet du message:
Je pense tout simplement Fredo que chacun met en avant dans ses avis ce qui l'a le plus marqué lors de sa lecture. Tout le monde n'a pas la même perception, ne se focalise pas sur les mêmes thèmes, n'est pas sensible aux mêmes éléments. Je ne pense pas du tout que ça soit lié à un quelconque tabou autour de la sexualité. _________________ Nico - Webmaster de Rivières Pourpres et Polars Pourpres
Posté le: Jeu Mai 21, 2009 8:14 pm Sujet du message:
C'est très intéressant de voir les différents avis en ce qui concerne ce nouveau roman puisque j'ai l'impression de découvrir de nouveaux éléments au fur et à mesure. En fait, les avis deviennent particulièrement complémentaires, ça faisait longtemps que ça ne m'avait pas sauté aux yeux de la sorte. _________________ Frédéric Fontès, News & Chroniques sur www.4decouv.com et C'est Culturellement Dingue sur TikTok
Posté le: Ven Mai 22, 2009 10:17 am Sujet du message:
je l'ai terminé hier soir et .
Je l'ai lu en une journée (moi qui voulait faire durer le plaisir c'est très réussi ). J'ai retrouvé l'ambiance de la Trilogie du Mal mais en beaucoup plus noire, plus glauque.
L'auteur a été très loin pour nous montrer toute la noirceur que peut contenir l'ame humaine. Finalement, aussi évolué que l'être humain veut l'être, il ne peut faire abstraction de son instinct primaire.
en revanche, le personnage de Brady m'a été fortement antipathique. Je me suis pas attachée à lui (comme pour Josh).
Spoiler:
il manipule et ment à sa femme tout comme Pierre l'a fait avec lui. Annabel et lui auraient pu mener l'enquete de concert. Cela aurait pu être une manière pour eux de se rapprocher
.
Il ne mène pas son enquête pour Rubis mais pour lui et uniquement pour lui.
Spoiler:
La première phrase du roman définit clairement ce qui se passe à la fin sauf que ce soit Thayer qui appuie sur la détente
.
Justement à propos de la fin, j'avais pensé à
Spoiler:
Brady rejoint la Tribu ou le peuple Taupe pour vivre dans les souterrains ou bien il disparaissait de la surface de la terre pour protéger Annabel afin qu'elle ne soit pas inquiétée par la Tribu
mais je n'avais pas pensé du tout à la fin que Maxime a écrite.
Spoiler:
quant à annabel, je ne voudrais pas être à sa place, le jour où elle découvrira la vérité. Dans In tenebris, elle sous entend qu'elle continuera toujours de rechercher la vérité sur la disparition de son mari. A ce moment là elle découvrira que non seulement son mari lui a menti, pour la protéger certes, et que son ami et partenaire a commis un acte impardonnable lui aussi pensant avant tout à protéger celle qu'il aime
.
C'est vraiment un excellent roman dont le lecteur ne ressort pas tout à fait indemne.
Posté le: Lun Juin 29, 2009 11:25 pm Sujet du message:
Vos commentaires me donnent l'eau à la bouche, d'autant que je viens de le recevoir aujourd'hui et que je devrais le commencer dès demain. J'ai hâte de voir le traitement que fait Chattam de sujets comme le sexe et le porno.
Et en plus je n'ai encore lu aucun tome de la Trilogie, donc ça risque d'être une grosse découverte pour moi !!!
Posté le: Sam Aoû 01, 2009 9:30 pm Sujet du message:
J'ai adoré cette lecture. Elle me donne envie de replonger dans la trilogie du mal pour un nouveau regard sur la relation Annabel/Jack. _________________
J'ai fini la trilogie du mal il y a 2 semaines, donc j'ai la chance d'avoir la mémoire "fraiche".
Mais bon cela fait 1 semaine que je l'ai commandé vite facteur vite l'impatience me gagne.
Posté le: Jeu Aoû 20, 2009 3:09 pm Sujet du message:
J'ai enfin fini le roman (vacances), c'est surement le meilleur de la trilogie à lire absolument .
Les posts précédents regroupent déjà mes pensées donc je n'extrapole pas
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