Jean-Christophe Grangé — Polars Pourpres

[eric]

J’ai lu « Guerre sale » et « Ombres et soleil » l’année dernière à la sortie de ce dernier. On m’en avait dit le plus grand bien, en me précisant qu’il s’agissait d’un diptyque qui abordait des sujets compliqués tels que la Françafrique et les rétro-commissions (du genre de celles qu’on soupçonne derrière l’attentat de Karachi de 2002 qui a fait plusieurs victimes françaises).

Je n’ai pas lu les romans précédents de Dominique Sylvain. J’ai donc découvert, avec « Guerre Sale », son fameux duo de personnages principaux : Lola et Ingrid. Ingrid est américaine et, quand elle parle français, elle commet des petites erreurs de vocabulaire qui sont régulièrement savoureuses. On se prend à traduire en anglais ce qu’Ingrid voulait dire et on sourit en réalisant l’erreur. Sympathique. Mais bon, au bout de la Xième « erreur », on se dit que c’est bon… Paradoxalement, je n’ai pas vraiment accroché aux personnages. Ils m’ont semblé manquer d’épaisseur. Au contraire de l’intrigue qui, elle, m’a paru trop alambiquée.
Et quelle fin ! Contrairement à ce que j’ai lu, je ne considère pas ça comme étant un retournement de situation ou alors une fin ouverte. C’est juste un événement inattendu, violent, et… rideau. Ce n’est pas une fin. Ça m’a bien énervé.
Avis mitigé, donc.

J’ai enchaîné avec « Ombres et soleil » dans la foulée. J’ai rencontré des tas de problèmes avec ce roman.
Un personnage se cache alors qu’il est accusé de crime. Déjà, par ce comportement, il n’arrange pas son cas. Mais, quand quelqu’un lui vient en aide, alors que tout est contre lui, il ose mentir à cette personne qui lui tend la main. Pourquoi ? S’il ment à son meilleur soutien, c’est qu’il a quelque chose à cacher. Ça ne tient pas debout.
Et lorsqu’il avoue avoir menti, il n’explique pas pourquoi il a menti. A la fin du roman, rien n’est expliqué sur ce point. La charpente ne tient pas debout.

Les menaces mortelles qui pèsent sur les personnages principaux ne sont jamais crédibles. J’ai à chaque fois eu le sentiment que le duo d’héroïnes s’en sortirait. Jamais le style n’a changé d’un iota et n’a suggéré de réel danger pesant sur elles.

Si l’on prend une photo des personnages au début et à la fin, ils sont globalement dans les mêmes dispositions. Les terribles évènements traversés n’ont pas laissé de marques psychologiques ou physiques durables, ce qui est quand même étonnant.

De nombreux personnages sont en carton-pâte, comme cet ami qui les aide en Afrique et qui semble passer son temps à les conduire (parce qu’elles sont amies d’un de ses amis). Ok, il résiste à Ingrid en ne lui donnant pas son arme, c’est presque sa seule prise de décision personnelle réelle.
Autre personnage en carton-pâte : la copine invisible de la DCRI qui n’est disponible qu’au téléphone et qui est utilisée comme un « deus ex machina » : dès que l’affaire n’avance plus, on lui passe un coup de fil et ça y est, on a une nouvelle piste et on repart.

Ce qui me frappe le plus, c’est à quel point les personnages ont peu changé entre le début et la fin. Ou, s’ils ont changé, c’est pour se sentir mieux puisque leurs histoires personnelles s’améliorent. Pourtant, il y a de quoi déprimer avec tout ce qui a été mis à jour au cours de cette enquête.
J’ai été très déçu par ce livre. Je n’ai vraiment pas apprécié.

Et pourtant, les problématiques abordées par ces deux romans sont sérieuses et méritent qu’on s’y arrête un instant. Pour réfléchir.
Les intentions sont louables mais le résultat final n’est pas à la hauteur. Ce n’est que mon avis.

En tout cas, je préférerais que les gens lisent ces deux livres plutôt que du Guillaume Musso, du Marc Lévy ou même du Harlan Coben.

[grolandrouge]

[Hoel]

Dominique Sylvain vient de remporter le prix Roman Interpol'art pour Kabukicho (Viviane Hamy).

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Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire... J'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard (1864-1910)

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